mercredi 25 janvier 2012

La finance et le politique


« Mon véritable adversaire n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, ne présentera jamais sa candidature et pourtant gouverne tout ». A l’occasion de son premier grand meeting de campagne, François Hollande a donc pris pour cible le monde de la finance. En d’autres temps, certains la qualifiait d’apatride, M. Hollande a préféré la décrire « sans visage ». Le candidat socialiste n’a rien inventé mais s’est contenté de recycler la fameuse dénonciation par François Mitterrand des « puissances de l’argent ». C’est simple et efficace à l’heure où une majorité de Français tient pour responsable de la crise « la finance ». Malheureusement, la vision de M. Hollande est volontairement fausse, comme l’était déjà celle du futur Président Mitterrand en 1971. La crise actuelle n’est pas la conséquence d’un putsch mené par des financiers sans foi ni loi au détriment de l’Etat et de ceux qui voudraient se faire passer pour ses fidèles serviteurs, à savoir les politiques. En réalité, c’est exactement l’inverse. Nous sommes en crise aujourd’hui parce que le monde politique a fait main basse sur la finance. Qui a contraint les banques américaines à accorder des prêts immobiliers aux ménages insolvables ? Qui a incité les banques centrales à baisser les taux d’intérêt pour faciliter l’endettement des Etats ? Les politiques. Qui, en France, dirige les établissements qui ont docilement acheté les obligations publiques émises par des Etats européens surendettés ? Qui, encore, se verse des bonus hors normes ? Des énarques et des inspecteurs des Finances. Enfin et surtout, qui a dépensé sans compter pour tenter de s’allier la majorité des suffrages ? Vous connaissez la réponse. L’actuel Président Sarkozy n’a d’ailleurs pas dérogé à la règle : en cinq ans, il a accru la dépense publique de 15 % pour masquer l’inefficacité d’un système mis en place par les politiques pour les politiques. La finance, telle que présentée par M. Hollande, n’existe pas. Ce n’est pas un obscur ennemi qui a conduit la France et d’autres pays au désastre. C’est l’amour du pouvoir et de l’argent facile ainsi que le cynisme de la classe politique. 

mercredi 18 janvier 2012

Vent debout contre la finance

« Il faut faire participer la finance à la réparation des dégâts qu’elle a provoqués. C’est question d’efficacité. C’est une question de justice. C’est une question de morale. La taxe des transactions financières doit être mise en œuvre ». Ainsi parlait Nicolas Sarkozy lors de ses vœux présidentiels, reprenant la vieille antienne qui consiste à remplacer les problèmes par la désignation de pseudo-responsables. Nous sommes déjà revenus sur le sujet dans ces colonnes (voir PU n° 2481, page 16), il est donc inutile d’en rajouter. Pour l’heure et parmi les dirigeants européens, seuls le Président de la République française et la Chancelière allemande Angela Merkel tiennent ce discours, fors quelques nuances. Mais cette dernière semble ne pas ressentir l’empressement qui emploie actuellement l’Elysée, à quelques mois des élections présidentielles. Désirant couper l’herbe sous le pied de l’opposition qui s’est prononcée pour l’adoption rapide d’une telle taxe, Nicolas Sarkozy pourrait décider de sa mise en place à l’échelle de la France seule, nous apprend la presse. Et un conseiller du Président d’indiquer : « même si on y va tout seul, on peut espérer récupérer plusieurs centaines de millions d’euros ». N’était-il pas question initialement de justice et de morale, même si ce genre de considération peut, en l’espèce, prêter à la controverse ? Finalement, il ne s’agit donc que de « basse » comptabilité pour un Etat exsangue... Et  tant pis pour le secteur financier parisien dont le chant du cygne se rapproche donc...