lundi 21 septembre 2009

Lecture du sentiment des investisseurs

Comme vous le savez, nous accordons une importance primordiale à la psychologie des investisseurs dans notre analyse des marchés, l'objectif étant d'anticiper les mouvements moutonniers. L'extrême pessimisme enregistré en mars dernier avait ainsi contribué à nous conforter dans notre opinion " haussière " de moyen terme : nous évoquions alors une incroyable opportunité d'achat. Ce matin, la lecture du sentiment des investisseurs mesuré par l'American Association of Individual Investors révèle un tournant. En effet, alors que les indices progressent régulièrement depuis le mois de juillet, la majorité des investisseurs restaient jusqu'ici dubitatifs quant à la poursuite de la hausse. Nombre d'entre eux refusaient de monter dans le train : en dépit du fort redressement des marchés, les pessimistes continuaient de représenter le gros des troupes. Ce matin, pourtant, il ressort que 41,1 % des investisseurs étaient la semaine dernière " haussiers ", contre seulement 40 % de " baissiers " et 17,9 % de " neutres ". Dans le même temps, les indices sont sur leurs plus hauts annuels et les publications de résultats trimestriels approchent... Le sentiment des investisseurs constituant un indicateur inversé, la probabilité d'une consolidation, certes mesurée, augmente pour les prochaines séances.

jeudi 17 septembre 2009

Le manque de concurrence

" Je suis assez sceptique et réservé sur le choix d'un quatrième opérateur de téléphonie mobile. Car le prix le plus bas n'est pas forcément le meilleur ", aurait déclaré Nicolas Sarkozy devant des députés de la majorité. La quatrième licence française de téléphonie mobile 3G promise au groupe Iliad (Free), seul candidat déclaré à l'appel d'offres clos le 29 octobre prochain, pourrait-elle finalement échapper au groupe coté sous la pression du Président de la République ? Pour les consommateurs français, un tel échec les condamnerait à subir la loi des trois opérateurs actuellement en place (Orange, Bouygues et SFR) qui se traduit par des prix plus élevés que partout ailleurs dans les pays de l'OCDE. Ainsi, pour rappel, les tarifs français ressortent largement au-dessus de la moyenne, que la consommation de l'abonné soit faible, moyenne ou élevée. Dans cette dernière catégorie, le coût moyen mensuel pour un abonné est de 28,75 € dans les pays de l'OCDE. Il est de 10,75 € au Danemark, le pays le moins cher, et de... 35,50 € en France ! Comment expliquer une telle différence ? Par le manque de concurrence, tout simplement. Les autres marchés européens comptent ainsi quatre à cinq opérateurs mobiles quand la France, cas unique sur le Vieux Continent, n'en compte que trois... Si le Président de la République est sceptique quant à l'utilité d'un quatrième opérateur, certains de ses conseillers économiques feraient bien de lui rappeler les bienfaits de la concurrence sur les prix et le pouvoir d'achat...

mercredi 9 septembre 2009

Une seule solution : l'inflation

Les chiffres du déficit français qui viennent d’être dévoilés par le ministère du Budget sont affolants. La presse les a malheureusement accueillis comme s’il s’agissait du dernier bulletin météorologique. La tempête « déficit » qui s’est abattue sur nous voici une trentaine d’années vient pourtant d’atteindre le stade de l’ouragan. Jugez donc : pour la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale, le déficit de l’État a franchi le cap des 100 Mds €. Il atteignait précisément 109 Mds € au 31 juillet, enregistrant ainsi une hausse de 113 % en un an. Côté recettes, l’impôt sur les sociétés (IS) n’a rapporté que 3,4 Mds € alors que les grandes entreprises ont passé d’importantes provisions comptables, notamment liées aux restructurations, et que les plus petites ont vu leurs comptes basculer dans le rouge avec la crise. À l’échelle de l’État, cette rentrée, en repli de 87 %, est devenue quasiment insignifiante. Les recettes de la TVA ont pour leur part reculé de 14 %, plombées par la mauvaise conjoncture et le repli des prix. Le coût de la baisse de la TVA dans la restauration ne se fera pourtant sentir qu’au 2nd semestre... Seul l’impôt sur le revenu s’inscrit en hausse. Gageons toutefois que la courbe ne manquera pas de s’inverser avec les réductions accordées dans le cadre du plan de relance. Côté dépenses, la faiblesse des taux d’intérêt a permis de profiter d’une moindre charge de la dette. Les dépenses de l’État n’en progressent pas moins de 5,3 %. Le ministère du Budget précise toutefois que la stabilité n’était pas si éloignée à la condition que l’on ne tienne pas compte du plan de relance. Quel soulagement ! Quoi qu’il en soit, la dette française dépassera probablement les 1 450 Mds € à la fin de l’année. La France a-t-elle les moyens de sortir de ce cercle vicieux que représente l’endettement ? Oui. La solution s’appelle toutefois l’inflation. Un phénomène, qui accroît les revenus des entreprises et des États pour une charge de la dette constante, mais que seule la Banque centrale européenne peut favoriser en abandonnant son dogmatisme en la matière, à l’image de la Réserve fédérale. Ce n’est pas la meilleure solution mais c’est là la seule.

mardi 1 septembre 2009

La crédibilité d'une analyse

Le 27 août dernier, le titre Accor s’envolait en Bourse de près de 10 % avant de consolider quelque peu et clôturer en hausse de 5,73 %. L’enthousiasme des opérateurs venait de l’officialisation par la direction d’une étude visant à valider la pertinence d’une séparation des deux grands métiers du groupe, à savoir l’hôtellerie et les services prépayés. Cette opération, encouragée par Colony Capital et Eurazeo, actionnaires à hauteur de 30 % du capital, aurait en effet l’avantage d’éclaircir la stratégie d’Accor et de permettre une meilleure valorisation de l’ensemble. Aujourd’hui, la valeur perd plus de 3,5 % et revient quasiment sur le cours qui était le sien avant l’évocation d’une scission du groupe. La raison d’une telle déconvenue ? Une note diffusée ce matin par UBS et dont la tonalité est particulièrement négative. Selon l’auteur de cette analyse, la progression de la dette d’Accor en 2008 et 2009 devrait contraindre la société à lever au moins 1,4 Md € en numéraire pour effectivement réaliser la scission. La banque suisse enfonce par ailleurs le clou en révisant d’environ 12 % sa prévision de bénéfice par action sur la période 2009/2011. Si les arguments avancés par UBS ont le mérite d’ouvrir le débat sur l’intérêt de la scission (les deux activités d’Accor étant complémentaires, leur coexistence lisse la cyclicité des résultats du groupe et renforce son profil auprès des agences de notation), l’impact de cette étude sur le titre paraît totalement démesuré. UBS annonce en effet « maintenir » son opinion vendeuse sur la valeur. Ce qui nous rappelle par la même occasion qu’UBS était déjà à la vente sur Accor en juin dernier avec un objectif de cours fixé à 22 €. L’établissement suisse était donc complètement dans le faux sur les perspectives de la valeur qui a progressé de plus de 25% en deux mois. En outre, alors qu’elle maintient son opinion vendeuse, UBS relève tout de même son objectif de 22 € à … 32,40 €, ce qui représente tout de même un écart de valorisation de 47 %. Un rattrapage qu’elle justifie par la perspective d’une scission des deux activités à laquelle elle ne semble guère être favorable. Dans ces conditions, une question se pose : quel crédit accorder à la note publiée par ce grand nom de la finance suisse ? Compte tenu des éléments évoqués plus haut, nous répondrons tout simplement : « aucun ».