vendredi 29 avril 2011

Des économies qui n'en sont pas !

A écouter nos dirigeants politiques, la réduction des dépenses de l’Etat constitue une priorité dans la lutte contre les déficits. Mais dans les faits, est-ce le cas ? Lorsque l’on veut s’attaquer au volet des dépenses, il est inévitable d’évoquer les salaires des fonctionnaires. Ces derniers représentent en effet 31 % du budget de l’Etat, hors charges de la dette et pensions de retraite qui ne sont pas à proprement parler des dépenses de fonctionnement. Très volontaire dans son discours, le gouvernement a ainsi annoncé avoir gelé le point d’indice qui sert de base de calcul à la rémunération des fonctionnaires. Dans le même temps, il a réaffirmé le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, ce qui se traduira, selon lui, par 30 000 suppressions de postes. L’objectif est de réduire la masse salariale de 82,7 Mds € en 2011 à 81,7 Mds € en 2013, soit 1,2 % en deux ans. Voilà pour l’ambition... 
Qu’en est-il donc réellement ? Pour commencer, annoncer le gel du point d’indice ne signifie pas que les salaires n’augmenteront pas. Il s’agit là d’un simple coup politique puisque ce n’est pas le point d’indice qui détermine les principales augmentations, mais l’ancienneté. Hors point d’indice, les hausses ont ainsi été en moyenne de 3 % par an dans le secteur public ces dernières années. Pour ce qui est des suppressions de postes, la réalité est sans commune mesure avec l’annonce, comme le souligne la Cour des Comptes. Rappelons en effet que l’Etat s’est engagé à redistribuer aux fonctionnaires 50 % des économies générées par les suppressions de postes. Or, qu’apprend-on dans le dernier rapport des magistrats de la rue Cambon à ce sujet ? Que ces rétrocessions ont approché en moyenne 81 % en 2010. Au ministère de l’Intérieur, la redistribution a même dépassé le montant des économies ! Bien sûr, Bercy a préparé sa défense : le dérapage de la masse salariale est lié à une erreur dans les prévisions des départs à la retraite. Et nous qui, bêtement, nous inquiétions de ce dérapage... Nous pouvons donc finalement dormir sur nos deux oreilles, les économies arriveront un jour. Cette fois, c’est promis.

jeudi 28 avril 2011

La Grèce a raté le coche

« La Grèce résoudra en profondeur ses problèmes non pas en restructurant la dette, mais en restructurant le pays ». Voici donc comment le Premier ministre grec a accueilli les rumeurs d’une prochaine restructuration. Il s’agit là d’une déclaration volontaire et qui fait sens. Hélas, la crédibilité de celui qui l’énonce nous retire toute illusion. Voici un peu plus d’un an, nous nous faisions pourtant optimistes quant au potentiel de redressement du pays. C’était sans compter sur la lâcheté des politiques et leur incroyable absence d’intérêt pour l’avenir de leurs compatriotes. 

Les ponce pilate des temps modernes

En 2010, la Grèce a fait des efforts.
En effet, si son déficit annuel est ressorti au-delà des 8 % (source gouvernementale), c’est essentiellement en raison des intérêts payés sur sa dette. « Le déficit primaire n’a atteint que 1,5 % », s’est félicité l’exécutif. Et alors ? Croit-il réellement que les désastres causés par vingt ans de corruption et de gestion politicienne peuvent être résolus par une simple diminution du déficit ? Athènes n’avait pas le choix et se devait de dégager un excédent pour démontrer sa capacité de réaction. Malheureusement, le gouvernement n’y est pas parvenu. Les impôts ont certes été relevés et de nouvelles taxes créées. Mais dans les faits, la levée de l’impôt reste toujours aussi problématique et les recettes budgétaires n’ont grimpé que de 6 % en 2010. Le potentiel était pourtant bien plus élevé ! Lorsque l’on sait que certaines catégories professionnelles ne déclarent toujours rien au titre de l’impôt sur le revenu, il apparaît que la hausse de la pression fiscale est subie par une minorité, celle qui déclarait déjà ses revenus avant la crise... Du côté des dépenses, le gouvernement n’a toujours pas eu le courage de s’attaquer aux foyers de pertes que sont par exemple les transports publics. Ces derniers auraient déjà dû être privatisés, ce qui aurait réduit le déficit et accru les recettes. De nouvelles mesures doivent toutefois être annoncées au lendemain du week-end pascal. Pourquoi pas avant ? Parce que les élus du Parlement, de retour dans leurs circonscriptions pour les fêtes, voulaient éviter d’être confrontés à la vindicte populaire. Quel sens des priorités et de l’urgence...

La restructuration est intégrée par les marchés

Dans ces conditions, une restructuration de la dette hellénique semble désormais inévitable. Si les politiques affirment le contraire, les marchés l’ont déjà intégrée : les obligations grecques affichent en effet une décote de 50 % tandis que les emprunts à 30 ans résistent mieux que ceux dont la maturité est inférieure à 3 ans. En réalité, les investisseurs sont déjà passés à l’étape suivante. Selon une récente étude de Citi, la restructuration constitue un moindre mal à court terme. Si les créanciers n’acceptent pas maintenant un « haircut » (un défaut partiel) à hauteur de 52 % afin de ramener le déficit du pays à 90 % du PIB (contre plus de 150 % actuellement), la banque américaine estime qu’ils devront subir une perte de 70 % en 2015... afin d’obtenir le même résultat. Pour la Grèce, la restructuration constitue également la seule solution pour réduire le poids des intérêts et affronter la fin en 2013 de l’aide concoctée par le FMI et l’Union européenne. Concrètement, ces derniers devraient d’ailleurs bientôt montrer la voie en acceptant une baisse du taux d’intérêt imposé à Athènes et un rallongement de la durée de remboursement.  

Les banques européennes seront bien évidemment touchées par une restructuration. Le renforcement récent des fonds propres précédant l’instauration des ratios de Bâle III devrait toutefois permettre au secteur d’encaisser le choc. à plus long terme, de telles pertes vont conduire les établissements à plus de prudence, ce qui aura indirectement pour effet de réduire l’accès à la dette pour les autres états européens. Ces derniers devront enfin prendre des mesures de rigueur. Une bonne chose !

Retrouvez les performances de nos conseils boursiers en consultant notre bilan du 1er trimestre.



mardi 12 avril 2011

Atlas Shrugged : le film, enfin !

Le film basé sur le roman d'Ayn Rand, "Atlas Shrugged" va enfin sortir en salles le 15 avril prochain aux Etats-Unis. Vous pouvez visionner la bande-annonce ci-dessous. Dans cet ouvrage, Ayn Rand développe sa pensée critique de l'interventionnisme étatique en envisageant ce que deviendrait le monde si ceux qui le font avancer décidaient de se retirer. La romancière libertarienne décrit ainsi ce qui se passe lorsque la violence de l'État empêche l'esprit de fonctionner, soit directement, soit en poussant les "hommes de l'esprit", les créateurs de richesse, à refuser de servir une société qui trouve normal de les traiter comme des esclaves. Cet ouvrage est l'un des livres les plus lus aux Etats-Unis. Il n'a malheureusement jamais été traduit en français. Reste à savoir si le film et son héros John Galt traverseront l'Atlantique.