A écouter nos dirigeants politiques, la réduction des dépenses de l’Etat constitue une priorité dans la lutte contre les déficits. Mais dans les faits, est-ce le cas ? Lorsque l’on veut s’attaquer au volet des dépenses, il est inévitable d’évoquer les salaires des fonctionnaires. Ces derniers représentent en effet 31 % du budget de l’Etat, hors charges de la dette et pensions de retraite qui ne sont pas à proprement parler des dépenses de fonctionnement. Très volontaire dans son discours, le gouvernement a ainsi annoncé avoir gelé le point d’indice qui sert de base de calcul à la rémunération des fonctionnaires. Dans le même temps, il a réaffirmé le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, ce qui se traduira, selon lui, par 30 000 suppressions de postes. L’objectif est de réduire la masse salariale de 82,7 Mds € en 2011 à 81,7 Mds € en 2013, soit 1,2 % en deux ans. Voilà pour l’ambition...
Qu’en est-il donc réellement ? Pour commencer, annoncer le gel du point d’indice ne signifie pas que les salaires n’augmenteront pas. Il s’agit là d’un simple coup politique puisque ce n’est pas le point d’indice qui détermine les principales augmentations, mais l’ancienneté. Hors point d’indice, les hausses ont ainsi été en moyenne de 3 % par an dans le secteur public ces dernières années. Pour ce qui est des suppressions de postes, la réalité est sans commune mesure avec l’annonce, comme le souligne la Cour des Comptes. Rappelons en effet que l’Etat s’est engagé à redistribuer aux fonctionnaires 50 % des économies générées par les suppressions de postes. Or, qu’apprend-on dans le dernier rapport des magistrats de la rue Cambon à ce sujet ? Que ces rétrocessions ont approché en moyenne 81 % en 2010. Au ministère de l’Intérieur, la redistribution a même dépassé le montant des économies ! Bien sûr, Bercy a préparé sa défense : le dérapage de la masse salariale est lié à une erreur dans les prévisions des départs à la retraite. Et nous qui, bêtement, nous inquiétions de ce dérapage... Nous pouvons donc finalement dormir sur nos deux oreilles, les économies arriveront un jour. Cette fois, c’est promis.
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