mercredi 22 juin 2011

Elections 2012 : l'économie sacrifiée sur l'autel de la politique ?

La campagne pour les élections présidentielles de 2012 est lancée. Pour le savoir, il est inutile de se reporter à un quelconque calendrier. Il suffit en revanche de s’intéresser aux déclarations de nos responsables politiques et notamment à ces fameux éléments de langage, pensés par leur équipe de communicants et n’ayant d’autre but que de marquer, ou plutôt manipuler, les esprits. Nous avons donc tendu l’oreille et qu’avons-nous entendu au cours de la semaine passée ? Régulation, démondialisation et planification. Tout un programme. Le premier à se distinguer n’est autre que notre Président de la République. Ce dernier a frappé très fort en comparant les opérateurs financiers sur les marchés de matières premières à des « mafieux ». « Le mot régulation n’est pas tabou », a-t-il ajouté, avant d’indiquer vouloir « faire le ménage ». Sans préciser s’il utiliserait un Kärcher... Dans la foulée, son Premier ministre s’est attaqué dans Nice-Matin aux « rémunérations exorbitantes » de certains dirigeants. « Choqué » par les montants, M. Fillon souhaiterait que les entreprises « se régulent elles-mêmes ». Mais « si elles ne le font pas, nous serons obligés d’intervenir », a-t-il affirmé avant d’évoquer un dispositif qui consisterait à surtaxer ces entreprises. Face à une telle offensive de la part de la droite, la gauche s’est logiquement vue contrainte de surenchérir. Arnaud Montebourg a ainsi défendu sur RTL « son » autre voie : « la démondialisation » qui consiste à « mettre des règles là où l’on a abandonné toute forme de règle ». Dans les faits, le candidat à la primaire socialiste propose un retour au protectionnisme, ni plus, ni moins. Dans ce contexte, les propositions de Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Parti de Gauche et des communistes, en deviendraient presque banales : l’ex-socialiste a évoqué sur TF1 « le partage des richesses » et « la planification écologiste » (ce dernier adjectif ajoute une touche résolument positive), le tout devant être appliqué « avec une main de fer ». Il reste 305 jours d’ici le premier tour de la présidentielle 2012. Jusqu’où iront-ils ?

vendredi 17 juin 2011

Faut-il vendre des actifs pour réduire la dette ?

Selon les rapports budgétaires publiés par Bercy, les cessions immobilières de l’Etat ont rapporté 502 M € en 2010. C’est à la fois beaucoup et trop peu. Beaucoup car le processus de vente valorise mieux qu’auparavant (environ 21 % de plus que la valeur vénale) les biens cédés. Ainsi, l’état a davantage eu recours aux appels d’offres : 50 % des immeubles cédés pour plus de 2 M € ont été concernés contre 15 % en 2009. Mais c’est également trop peu puisque l’objectif de cessions avait initialement été fixé à 900 M €... Ce n’est pas véritablement nouveau : déjà en 2008, les produits de cessions avaient été de 60 % inférieurs aux objectifs. Dommage, nous direz-vous, tant nos finances publiques exsangues auraient besoin de ces rentrées... Sauf que ces cessions ne servent aucunement à réduire la dette de la France ! Il s’agit là d’une aberration mais c’est bien ce qui ressort des rapports budgétaires. Globalement, le fruit de ces cessions est en effet reversé aux ministères pour financer leurs dépenses d’investissements immobiliers. Selon la loi, seuls 15 % des produits de cessions doivent aller au désendettement de l’état. L’objectif est pour le moins atteignable... et pourtant, là encore, la France le manque régulièrement. En 2010, 50 M € sur 502 M € (soit 10 %) ont servi à réduire la dette du pays qui atteint, rappelons-le, 1 650 Mds €. Une goutte de rigueur dans un océan de laisser-aller. Faut-il donc vendre les actifs immobiliers publics pour réduire la dette ? Certainement. Mais la méthode est pour le moins à revoir...

mardi 14 juin 2011

Un destin commun

La crise de la dette en zone euro fait craindre le pire aux investisseurs et aux responsables économiques. Le «risque systémique» est plus particulièrement évoqué : concrètement, la défaillance d’un pays pourrait entraîner la faillite de ses voisins ou provoquer la chute en série d’établissements bancaires du Vieux Continent. Compte tenu de la taille très limitée de l’économie grecque, une faillite d’Athènes ne semble pas en mesure de provoquer un tel enchaînement de catastrophes. Un effondrement de l’Espagne aurait en revanche un tout autre impact. Le dernier rapport de la Banque centrale espagnole nous rappelle ainsi que la France serait la première touchée en cas de banqueroute puisque 26 % de la dette émise par Madrid est détenue par des investisseurs français. Dans le détail, il ressort même que 12 % de la dette ibérique a été émise auprès de l’état français. Un défaut espagnol aurait donc des conséquences catastrophiques pour la santé de nos établissements financiers mais aussi pour celle de nos finances publiques. Cette sur-exposition ne date pas d’hier : en 2000, la France était déjà le premier créancier de l’Espagne. Mais alors que l’Allemagne, le Bénélux et le reste de l’Europe ont réduit leur exposition en dix ans, la France et ses banques ont continué de l’accroître, même après l’exercice 2008. Est-ce là le fruit d’une volonté politique ou s’agit-il d’une erreur stratégique ? Peut-être un peu des deux. Espérons toutefois que nous n’aurons pas à en payer le prix.