Alors que le Président Nicolas Sarkozy dit vouloir gommer les différences existantes entre les systèmes fiscaux français et allemand, un certain fossé demeure, voire se creuse, au fil des réformes menées de part et d’autre du Rhin. Plus généralement, dès que l’on parle d’économie en France et en Allemagne, ce sont véritablement deux visions qui s’affrontent, plus qu’elles ne se rapprochent. Le secteur de l’immobilier ne fait pas exception à la règle. Dans l’Hexagone, la flambée des prix de la pierre enregistrée depuis un peu plus d’une décennie a pu s’opérer sans déclencher la moindre alerte. Ni les économistes, ni les professionnels du secteur, ni les responsables politiques n’ont cru bon de souligner que cette hausse vertigineuse s’apparentait à une bulle, décorrélée des fondamentaux de l’offre et de la demande.
En Allemagne, le marché est resté au contraire atone durant de longues années. Depuis quelques mois, il témoigne pourtant d’une vigueur insoupçonnée. Après avoir progressé de 2,5 % en 2010, les prix de l’habitat ont grimpé de 5,5 % en 2011 et accélèrent en ce début d’année 2012, portés par des taux d’intérêt exceptionnellement faibles. Rien de comparable avec ce qui s’est produit en France, nous direz-vous. Et pourtant ! Cette hausse encore limitée des prix alarme d’ores et déjà les observateurs et les autorités de par sa nature « irraisonnée ». Les uns l’expliquent par le recul des taux d’intérêt allemands, lié à la crise des dettes souveraines. Les autres font remarquer que les prix progressent plus vite que les loyers, ce qui fait reculer la rentabilité. Un phénomène qui ne saurait durer trop longtemps sans faire naître des aberrations de marché. D’aucuns notent enfin que les capitaux étrangers en quête de refuge sont venus alimenter le mouvement. Sur la base de ces éléments, l’Allemagne décèle donc une bulle immobilière qu’elle veut tuer dans l’œuf.
En France, les prix ont quasiment triplé depuis 1997 grâce à la baisse des taux, à l’afflux de fonds étrangers et à l’adoption de mesures incitatives (Scellier, PTZ+, etc.). La rentabilité, autour de 3 % brut, est désormais dérisoire au regard des règles contraignantes imposées aux propriétaires et des taux sans risque à 3, 5 ou 10 ans. Et pourtant, si certains déplorent la cherté de l’immobilier, très peu de personnes dénoncent l’existence d’une bulle. Récemment, The Economist regrettait de voir la France vivre dans « un déni de réalité » face à la situation économique. Ce jugement semble pouvoir s’appliquer au marché immobilier hexagonal. Ironie du sort, ce même journal estime dans son étude annuelle que les appartements et les maisons françaises restent surévaluées de 47 %...
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