vendredi 1 mars 2013

France : les objectifs abandonnés


Comme nous l’avions anticipé, le gouvernement ne parviendra pas à tenir son objectif de réduction du déficit à 3% du PIB en 2013. Nous n’étions pas les seuls à prévoir un tel manquement : aucun économiste ou organisation internationale ne jugeait crédible cette hypothèse. La faute à la croissance, nous assure-t-on chez les ministres en charge des deniers publics, lesquels à grand renfort de circonvolutions langagières laissent désormais entendre que la prévision de croissance pour l’année sera prochainement ajustée. Là encore, nous ne nous montrons en aucun cas surpris. Cela étant dit, que peut-on en tirer comme conclusions ?

Un déséquilibre évident

L’économie française est actuellement enfermée dans un cercle vicieux. En se refusant à toute réduction des dépenses de l’Etat, le gouvernement a estimé que seule une hausse de la fiscalité serait en mesure de ramener les comptes dans une direction soutenable (voir ainsi les deux lois de Finances rectificatives pour 2012 adoptées depuis mai et le budget 2013). Problème : les recettes venant des impôts vont, logiquement et face à ce coup de massue de plusieurs dizaines de milliards d’euros, être impactées de manière négative (immobilisme dans les entreprises, stratégies d’évitement, découragement des créateurs, etc.). Plusieurs chiffres récemment publiés vont dans ce sens, qu’il s’agisse des recettes de l’impôt sur les sociétés, de la taxe sur la transaction financière ou de la TVA. En assommant les entreprises (le CICE n’y changera rien...) et les investisseurs, le gouvernement pénalise l’activité (l’année 2012 aura été blanche sur ce point, rapporte l’Insee), la prise de risque (soit la croissance de demain), ce qui conduit, immanquablement, à une hausse du chômage (+ 285 000 demandeurs d’emplois sur l’année 2012). La population indemnisée s’accroît de fait pour des ressources qui diminuent dans le même temps, tant du côté de l’Unedic que de la Sécurité sociale. C’est donc de logiciel qu’il convient expressément de changer. Mais il faudra sans doute attendre encore.

Les impôts à la rescousse ?

L’exécutif est conscient du problème. Le Président de la République et certains ministres tentent de modifier la trajectoire et semblent, à cet égard, faire montre d’un certain courage. Le mot « économies » n’est ainsi plus tabou. Enfin ! Les observateurs dont nous faisons partie, à côté des institutions européennes, de nos voisins, des agences de notation et des marchés, attendent malgré tout des chiffres précis là où l’on nous ressasse l’objectif de 50 Mds € d’économies sur cinq ans, sans plus de détails. Soulignons par ailleurs qu’à cette somme doivent être additionnés les 20 Mds € du CICE et plus de 10 Mds € supplémentaires (pour l’instant...) liés à la baisse des ressources fiscales et à la hausse des dépenses due au «traitement social» de la crise. A «la gauche du PS», et chez une partie importante de l’opinion publique, évoquer la moindre rationalisation des dépenses de l’Etat fait figure de casus belli tandis que le mot austérité est brandi tel un étendard (pour mémoire, l’état aura difficilement réussi à réaliser des économies de... 200 M € en 2012). L’abandon de l’objectif de réduction du déficit à 3 % laisse d’ailleurs la voie libre aux plus dépensiers. Et ces derniers d’envisager de nouvelles taxes, habilement travesties en économies (voir page 2). Ou comment combattre le mal par le mal...

Une sanction des marchés ?

Fidèle à sa stratégie, le Président va probablement continuer de louvoyer. Cette politique de gribouille devrait malgré tout finir par lasser nombre de nos partenaires, au premier rang desquels l’Allemagne. Alors que l’exécutif liait la crédibilité de ses prévisions à la faiblesse des taux auxquels notre pays emprunte, une question se pose. Les objectifs assignés (déficit, croissance) étant désormais remisés et les taux ne s’étant pas tendus, nous pouvons constater que cette corrélation n’avait pas lieu d’être, comme nous l’avions d’ailleurs souligné. La position de la France reste donc toujours très fragile et une sanction des marchés se profile. Quand ? Bonne question...

Bruxelles et Berlin (voir le FMI...) vont désormais donner de la voix et la France ne pourra se soustraire à une réelle cure d’austérité, laquelle touchera cette fois la sphère publique. Nous vous conseillons toujours d’éviter les obligations d’Etat portant la signature de la France. 

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