mardi 22 février 2011

Cette inflation que l'on nous cache

Depuis maintenant quelques jours, les investisseurs évoquent le retour d’un phénomène négligé par la majorité des économistes et des politiques : l’inflation. Les indicateurs tant américains qu’européens laissent en effet transparaître une remontée des prix. Sur le Vieux Continent, leur évolution dépasse désormais « l’objectif » de la Banque centrale européenne, soit 2 %. êtes-vous surpris par cette tendance ? Probablement pas. En tant que consommateur, vous avez pu constater une tension sur les prix dès 2010 alors même que la stabilité des baromètres inflationnistes incitait les prévisionnistes à évoquer des risques de désinflation, voire de déflation. Ce qui a mis les experts sur la mauvaise voie tient en réalité à leur mémoire défaillante et à leur manque d’indépendance. Pour commencer, tous se basent sur ce qu’ils appellent « l’inflation sous-jacente ». Un terme technique qui leur permet de calculer la hausse des prix en excluant ceux de l’énergie et de l’alimentaire, deux postes pourtant quotidiennement prioritaires et difficilement compressibles... Or, l’argument captieux qui tend à privilégier l’inflation sous-jacente à l’inflation réelle remonte en réalité aux années 1970. Arthur Burns, alors Président de la Réserve fédérale, cherche un moyen de justifier la politique ultra-accommodante qu’il mène en termes de taux d’intérêt. Son objectif : ne pas gêner la réélection de Richard Nixon qui arrive au terme de son premier mandat. Ce dernier estimait en effet que sa défaite au scrutin de 1960 avait un lien avec la politique restrictive menée alors par la banque centrale américaine. M. Burns se charge alors de retirer l’énergie et l’alimentation, dont les prix dépendent de phénomènes « trop exogènes » selon lui, du taux d’inflation de référence. Depuis, cette création reproduite partout ailleurs dans le monde a servi les intérêts de très nombreux politiques pour qui l’indépendance des banques centrales constitue un obstacle, voire une aberration. En matière d’économie, cette manipulation ne fait malheureusement que cacher la réalité. Elle ne la modifie pas.

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