mercredi 17 avril 2013

Ce que révèle le patrimoine des ministres

« L’affaire Cahuzac » a ébranlé le gouvernement et le monde politique. Rendez-vous compte : un ministre a menti ! Voilà qui aurait pu passer inaperçu aux yeux de la presse si ce n’est que le mensonge en question ne porte non pas sur les finances du pays (quoi que dans ce domaine, l’ex-ministre du Budget a également menti et plus d’une fois devant la représentation nationale), mais sur un compte détenu en Suisse puis à Singapour. L’argent « qui corrompt, qui achète, qui écrase [...] », comme l’affirmait non sans haine François Mitterrand, est donc le motif du délit. Le monde politique s’en offusque et cherche par tous les moyens à retrouver un semblant de virginité aux yeux du grand public. Comme toujours en France, la réaction de nos gouvernants ne tarde pas : une loi va être votée. Son objectif affiché ? Moraliser la vie politique... Et dire qu’en arrivant au pouvoir, M. Hollande voulait moraliser la finance. Que de chemin parcouru ! En réalité, l’hôte de l’Elysée n’a que faire d’améliorer le fonctionnement de l’Etat et de limiter les conflits d’intérêt des élus. Ce qui lui importe, c’est de démontrer qu’il agit et de constater un rebond de sa courbe de popularité. Le patrimoine des ministres a ainsi été dévoilé. Celui des députés le sera bientôt. Si nous ne voyons pas en quoi une telle procédure aurait évité « l’affaire Cahuzac », cet étalage public n’en révèle pas moins trois choses effrayantes. Pour commencer, nos ministres, à quelques rares exceptions, ne détiennent pas d’actions. Leurs choix personnels ne sont donc pas cohérents avec leurs discours flamboyants sur l’intérêt qu’ils portent aux entreprises et à l’économie française. Autre remarque : la grande majorité n’a quasiment rien investi en assurance-vie et donc a fortiori, sur les contrats en euros alimentés par les obligations publiques. Ils ont donc fait le choix de ne pas participer au financement de la dette dont la classe politique dans son ensemble est responsable. Enfin, si leur patrimoine est essentiellement constitué de biens immobiliers, le recours aux Sociétés civiles immobilières (SCI) qui permettent d’éviter l’impôt sur les successions rencontre un succès certain auprès des plus aisés du gouvernement (et du Président lui-même à une certaine époque). Finalement, les ministres ne mentent pas seulement aux Français. Ils se mentent aussi à eux-mêmes.

mercredi 10 avril 2013

Non, tous les écologistes ne sont pas contre le gaz de schiste


Alors que la France, en récession, endettée et désindustralisée, se refuse toujours à envisager l’exploitation de ses réserves naturelles de gaz de schiste pour des motifs idéologiques, d’autres font la démonstration qu’il est possible de concilier les différents points de vue, et ce sans intervention publique. Aux Etats-Unis, des groupes énergétiques et des organisations non gouvernementales (ONG) se sont en effet entendus pour définir de nouvelles normes dans le domaine de la fracturation hydraulique. Pour rappel, cette méthode, consistant à injecter de l’eau, du sable et des agents chimiques en profondeur pour libérer le gaz de schiste, est accusée dans certains cas de polluer les nappes phréatiques et l’air. Le Center for Sustainable Shale Development (CSSD), qui aura pour vocation de définir les standards du secteur pour le nord-est des Etats-Unis, comptera de fait un conseil d’administration composé à parts égales de représentants de l’industrie énergétique, d’associations écologistes et d’indépendants. Voilà qui pourrait donner des idées aux Verts français s’ils consentent à retrouver une certaine foi dans l’économie,  l’innovation et la technologie. Leurs homologues américains ont ainsi non seulement admis que l'exploitation du gaz de schiste était inévitable mais également qu’elle pouvait se faire sans causer de dommages à l’environnement.

mercredi 3 avril 2013

Cachez cet exil fiscal que je ne saurais voir


Les récentes données publiées au niveau européen démontrent que la France est non seulement le pays de la zone euro affichant la plus forte pression fiscale mais également celui qui accroît le plus les impôts et autres taxes depuis deux ans. Dans ce contexte, nombre d’acteurs économiques préfèrent aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte, ce qui fait dire à beaucoup qu’un phénomène d’exil fiscal est à l’œuvre. Mais dans quelles proportions ? Alors que le gouvernement continue à nier le départ de contribuables aisées, la fondation Concorde estime dans une récente étude que le phénomène d’exil fiscal n’est pas nouveau, qu’il s’accélère et qu’il cause de très lourds dommages à l’économie française. A court terme, le « think-tank » libéral rappelle que les mises en vente de biens immobiliers de plus de 1,5 M € se sont accrues de 40 % à 75 % à Paris et Neuilly-sur-Seine depuis un an. A long terme, partant du fait que 3 % des deux millions d’expatriés français sont des chefs d’entreprise de plus de dix salariés, la fondation estime que l’exil fiscal a coûté un million d’emplois sur les vingt dernières années. De son côté, le gouvernement fait montre d’une certaine gêne sur le sujet. Les dernières statistiques sur les redevables à l’ISF quittant la France remontent à 2010 (717 départs). Mystérieusement, aucune donnée plus récente n’a été publiée. Plutôt que d’affronter la réalité, nos dirigeants préfèrent continuer de se voiler la face.