Cette semaine, les media ont longuement relaté l’ascension, semble-t-il irrésistible, de l’euro qui a franchi les 1,38 $. Bien sûr, les experts économiques n’ont pas été à court d’arguments pour expliquer l’origine de cette envolée. Ainsi, le dernier message adressé par la Réserve fédérale aux marchés a renforcé la probabilité de voir la banque centrale américaine s’engager dans une nouvelle vague d’assouplissement quantitatif. Or, une telle politique revient à créer de la monnaie pour intervenir sur le marché du crédit. Logique, dans ces conditions, que le dollar subisse une telle sanction. Rappelons qu’en trois mois, il a reculé de près de 10 %. Logique, donc, et fin de l’article ? Non. Certains oracles des sciences économiques s’en tireraient ainsi à trop bon compte. Revenons plutôt quelques mois en arrière, au début de l’année 2010. La dette grecque fait trembler la zone euro, le FMI est contraint d’intervenir pour éviter un défaut de paiement d’Athènes et les Cassandres annonçent l’explosion de la monnaie unique. Dans nos colonnes, nous nous moquions alors du crédit accordé à d’aussi funestes prévisions, de surcroît émises par des gourous qui avaient toujours été pessimistes sur l’orientation du dollar. Kenneth Rogoff était l’un d’eux. Il déclarait alors : « Je pense que la baisse de l’euro va se poursuivre [...]. Il pourrait tomber à 1,10 $. Il pourrait même atteindre la parité avec le dollar ». Cet ancien chef économiste du FMI (de 2001 à 2003) avait pourtant annoncé l’effondrement du billet vert. En réalité, rien ne justifiait un tel revirement de sa part et des autres « spécialistes » si ce n’est leur quête perpétuelle de publicité gratuite. Nouriel Roubini suivait ainsi le même chemin en s’appliquant à y ajouter une touche de catastrophisme, son véritable fonds de commerce. Dans La Monographie de la presse parisienne, Honoré de Balzac disait : « Le prophète voit les anges, mais l’incrédule les fait voir au public ». Après avoir relaté les paroles de ces gourous dans le seul but de gonfler les audiences de leur media respectif, les journalistes ne pourraient-ils pas, aujourd’hui, faire appel à leur conscience professionnelle et revenir vers les auteurs de ces annonces ? Ils n’en feront rien, soyez-en sûr.
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