lundi 20 décembre 2010

La fiscalité des valeurs mobilières évolue : profitez de la fin d'année pour optimiser !

La fiscalité des plus-values mobilières a sensiblement évolué pour les revenus de 2010 et 2011. Pour cette année, les gains sont soumis aux prélèvements sociaux (12,30 %) dès le premier euro mais restent exonérés de l’impôt lui-même (18 %) si le seuil de cessions (25 830 €) n’a pas été franchi. L’année prochaine, ce seuil disparaîtra : les plus-values seront soumises aux prélèvements sociaux (12,3 %) et à l’impôt dès le premier euro de cession (19 %). Cette modification de la loi a-t-elle un impact sur vos arbitrages fiscaux de fin d’année ? En partie.
Les « vendu-acheté » sont utiles pour la dernière année. Les plus-values étant soumises aux prélèvements sociaux, leur intérêt est moindre qu’auparavant mais encore réel. Deux cas existent. Dans le premier, vous avez des plus-values en stock et encore de la marge avant d’atteindre le seuil des 25 830 €. Profitez-en alors pour vendre et racheter simultanément des titres ayant une performance positive, et ce tout en évitant de franchir le seuil indiqué plus haut. Cette opération aura l’avantage de concrétiser une partie de vos plus-values et de les rendre en partie non-imposables. Concrètement, vous garderez le même nombre de titres mais en procédant de la sorte, vous aurez relevé votre prix de revient fiscal. Lors de la cession effective des titres au cours des années suivantes, la plus-value sera donc moindre. 

Il se peut également que vous déteniez des moins-values latentes parallèlement à des gains déjà réalisés sur l’année. Dans le cas où votre compteur de cessions aurait déjà dépassé les 25 830 €, vous avez donc un gain global sur l’année mais vous détenez des lignes perdantes. Profitez-en pour opérer des « vendu-acheté » sur ces lignes afin de réduire votre plus-value, voire de la réduire à néant. 

Notez que si votre Plan d’Épargne en Actions (PEA) dispose de liquidités, vous pouvez effectuer l’opération de rachat dans ce cadre. Les moins-values sont ainsi enregistrées sur le compte-titres pour l’année en cours tandis que vos plus-values futures seront défiscalisées (à l’exception des contributions sociales, bien sûr) lors de la sortie du PEA.

Dans les deux cas, des frais de courtage sont bien entendu prélevés par l’intermédiaire. Mais il est d’usage de ne faire payer qu’une seule opération et non deux. N’hésitez pas à contacter votre intermédiaire pour obtenir un tel avantage ou au moins une réduction sur les frais.

Si vous avez des moins-values enregistrées sur l’année, veillez à dépasser le seuil de cessions, fixé à 25 830 €, afin de pouvoir les reporter sur les dix prochaines années.

Que se passera-t-il pour les particuliers qui afficheront à la fin de l’année un montant de moins-values reportables au titre des prélèvements sociaux différent de celui reportable au titre de l’impôt ? Exemple : un investisseur a réalisé 3 000 € de plus-values en 2010 sans franchir le seuil de cessions. Il reporte en outre 4 000 € de moins-values issues de 2009. Au final, il a donc 1 000 € (4 000 - 3 000) de moins-values reportables au titre des prélèvements sociaux mais toujours 4 000 € au titre de l’impôt (les 3 000 € de plus-values ne sont pas comptabilisés puisqu’il n’a pas franchi le seuil). Afin d’éviter une double-comptabilité fastidieuse, un crédit d’impôt égal à 19 % des moins-values imputées aux seuls prélèvements sociaux sera accordé. Ici, il recevra un crédit d’impôt de 570 € (19 % de 3 000) et reportera l’année suivante 1 000 € de moins-values.

En cette fin d’année, nous vous recommandons encore une fois de veiller attentivement à la date de vente de vos titres (hors Alternext, OPCVM et Marché libre). Rappelons, en effet, que pour les négociations réalisées sur les actions, les obligations, les trackers, les warrants, les droits et bons de souscription, le calcul des éléments fiscaux est effectué en date de négociation. En revanche, leur prise en compte ne se fait qu’à la date de règlement-livraison (date du transfert de propriété), soit trois séances après le jour de négociation. Votre compteur de cessions s’arrêtera ainsi le 28 décembre à la clôture. La fiscalité sur les plus-values sera celle de l’année :
- 2010 si vous vendez vos actions le lundi 28 décembre au plus tard ;
- 2011 si vous vendez vos actions après cette date. 
Notez également que les séances boursières du 24 et 31 décembre se termineront à 14h, et non à 17h35.


jeudi 16 décembre 2010

L'effet de la hausse des taux

La remontée des taux constatée depuis le mois d’octobre aux États-Unis, et qui s'accélère actuellement, commence à peser sur les fonds investis en obligations. Le premier d’entre eux, le Pimco Total Return Fund qui affiche 250 Mds $ d’actifs, a cédé plus de 8 % par rapport à ses plus hauts annuels, et ce en quelques séances. Géré par Bill Gross, l’une des références en matière d’investissements obligataires, le fonds a ainsi enregistré 2 Mds $ de retrait depuis le début du mois de décembre. Une première depuis 2008...  
Après avoir absorbé l’essentiel des liquidités en quête de placements depuis la crise financière, de nombreux fonds obligataires américaines reçoivent désormais des demandes de retrait. Un simple soubresaut ou le début d’un retournement de tendance ? Nous optons pour la seconde réponse. En attendant, ces liquidités vont devoir se replacer. Probablement sur les actions...

jeudi 9 décembre 2010

La course au cuivre

Selon la Bourse des métaux londonienne, un intervenant opère des achats intensifs de cuivre depuis plusieurs semaines. Alors que plus de 350 000 tonnes de métal rouge sont accumulés dans ses entrepôts, ce mystérieux acheteur en contrôlerait entre 50 % et 80 %, pour une valeur totale estimée à environ 2 Mds $. Dans quel but ? Ce dernier aurait-il eu vent d’une pénurie soudaine ? D’une brutale envolée de la demande en provenance du secteur des applications électriques, premier consommateur industriel ? L’explication est en réalité bien plus « financière ». En effet, selon le Daily Telegraph, cet opérateur ne serait autre que la banque américaine JP Morgan qui a pour projet de créer un fonds indiciel basé physiquement sur le cuivre. L’établissement a d’ailleurs déjà lancé la procédure d’inscription auprès de la Securities Exchange Commission (l’équivalent de l’Autorité des Marchés financiers). Son produit serait ensuite revendu aux investisseurs sous forme de parts équivalent à 10 kg de cuivre. Dans ce contexte, les cours du métal rouge ont logiquement retrouvé leurs niveaux d’avant la crise, autour de 8 700 $ la tonne. Les investisseurs redoutent en effet que le marché ne se retrouve « cornérisé » (« coincé » à la hausse puisque l’offre est réduite à néant). Le risque est d’autant plus réel que d’autres intervenants comme BlackRock, Deutsche Bank ou encore Goldman Sachs ont d’ores et déjà le même projet que JP Morgan en tête...

jeudi 2 décembre 2010

Chine : le ton se durcit

La Chine est donc devenue la 2ème économie mondiale. Pour autant, et comme nous l’avons écrit à de nombreuses reprises, la croissance du pays est mal répartie (consommation intérieure et exportations, public et privé). Profitant d’un monnaie consciencieusement sous-évaluée car administrée par le pouvoir politique, le pays a souhaité développer son l’industrie à pas de géant et donc les exportations. Voilà qui fait craindre une surchauffe. Une transition s’impose donc vers un modèle plus soutenable à long terme et au profil moins risqué. Face aux bulles actuellement à l’œuvre et qui ne demandent qu’à éclater, la situation relève de l’urgence.

Plusieurs facteurs de risque

L’envolée des prix de l’immobilier dans les grandes villes du pays (2 400 € le mètre carré à Pékin, soit le double de l’an passé), tout comme la hausse enregistrée par les actifs boursiers depuis maintenant plusieurs années (+ 200 % en quatre années pour l’indice Shanghai Composite qui a toutefois déjà consolidé depuis son sommet historique), constituent de véritables bombes à retardement. La croissance du pays est portée à hauteur de 70 % par le secteur du bâtiment et de l’immobilier, une situation qui ne saurait être qualifiée de saine. Li Daokui, professeur à l’Université de Tsinghua et membre du comité de politique monétaire de la People’s Bank of China, estimait il y a six mois que « le problème du logement en Chine est en fait beaucoup plus fondamental et plus important que celui du marché immobilier aux états-Unis et au Royaume-Uni avant la crise financière ». De fait, les banques chinoises, accusées par ailleurs de maquiller leurs comptes, voient s’accumuler les créances douteuses dans leurs bilans. Un scénario qui rappelle celui du Japon d’il y a quelques années... La hausse des prix de l’immobilier, tout comme l’augmentation des salaires liées à des revendications salariales bien plus nombreuses que ne le laissent entendre les autorités, sont également en train de faire déraper les prix alors que l’accès aux liquidités reste particulièrement aisé malgré quelques mesures phares mais finalement peu suivies. En octobre 2010, l’indice des prix à la consommation est ainsi ressorti à 4,4 % en glissement annuel. Ce chiffre cache un envol des prix de 10,1 % pour les denrées alimentaires, soit le cœur de la consommation des ménages les plus pauvres encore très nombreux, rappelons-le. Politiquement, il convient de surveiller l’évolution des prix comme le lait sur le feu, au risque d’assister à des mouvements sociaux toujours difficilement contrôlables alors que les inégalités n’ont de cesse de se creuser dans l’ex-Empire du Milieu. Enfin, et ce sujet en étonnera peut-être plus d’un, le vieillissement de la population chinoise constitue un handicap à ne pas négliger. La baisse à venir du nombre d’actifs (dans seulement quelques années) va constituer une difficulté de premier plan pour le pays alors que les systèmes de santé et de retraite sont encore embryonnaires au regard des besoins à venir.

Les réactions se multiplient

Dans un tel contexte, c’est à un véritable changement de politique économique auquel va devoir se soumettre le pays. Certaines décisions récentes vont d’ailleurs dans ce sens. C’est ainsi que les autorités ont relevé les réserves obligatoires des banques, ajusté à la hausse la parité euro/dollar et surtout relevé les taux d’intérêt pour la cinquième fois cette année et à deux reprises en l’espace de seulement quinze jours. Les autorités chinoises sont donc soucieuses d’éponger les liquidités excédentaires circulant dans l’économie et de faire ralentir une machine qui pourrait être amenée à s’emballer. Plus important encore, Pékin a officiellement donné la priorité à la consommation courante. Après le « tout-export », la Chine entend visiblement marcher sur deux pieds et entend que la demande interne prenne le relais. C’est là un bon début. Mais les difficultés sont encore bien présentes.

jeudi 25 novembre 2010

Nouveaux usages, nouveaux modèles et nouvelles taxes ?

Internet poursuit son développement exponentiel, le trafic mondial augmente chaque jour un peu plus et l’adoption de nouveaux modes de communication, dits « nomades  » (ainsi, l’utilisation des téléphones mobiles connectés sur le réseau, ou smartphones), participe à cette évolution sans frein. Les spécialistes des infrastructures de réseau, comme Cisco Systems, en profitent donc logiquement et œuvrent d’ailleurs à accroître encore un peu plus la « dépendance » à « la Toile » des ménages (voir ainsi le rachat des caméras HD Flip dont les films peuvent être facilement mis en ligne sur les sites de partage vidéo, avec pour conséquence d’augmenter les données diffusés dans « les tuyaux »). Selon une récente étude publiée par TNS Sofres, 92 % des utilisateurs français d’Internet se connectent au moins une fois par jour sur le réseau. Au plan mondial, ils sont 62 % à faire de même. De l’avis des spécialistes, ce mouvement va continuer de s’amplifier alors que le nombre de personnes ayant accès à Internet approche les 2 milliards, selon les données compilées par l’Internet World Stats. Ce succès conduit à des réactions bien particulières. Ainsi, les opérateurs, comme Orange ou Free en France, cherchent à revoir l’architecture économique d’Internet. Ces derniers voudraient que les sites de partage de vidéos comme Dailymotion ou Youtube, qui génèrent un trafic proprement spectaculaire et qui sont voués à se développer à une échelle à peine imaginable, paient une sorte de droit de péage aux opérateurs qui ont investis dans les infrastructures et continuent de les entretenir à leurs frais. Sur ce point, l’avis des opérateurs semble pouvoir être légitimé même s’ils pourraient décider de faire supporter ce coût aux utilisateurs en augmentant le prix de l’abonnement. En définitive, le modèle de développement des opérateurs pourrait donc évoluer, pour peu qu’ils obtiennent gain de cause. Pour les législateurs, dont évidemment ceux de France qui sur le sujet savent toujours faire montre d’initiatives, l’utilisation d’Internet représente une manne potentielle très importante. La création d’une taxe spécifique un peu comme celle de feue la vignette automobile ou de la redevance télévisuelle pourrait ainsi faire son chemin. Gageons que nous en reparlerons très prochainement. 

mardi 23 novembre 2010

L'inculture économique française

Les Français sont des cancres en économie ! C’est du moins ce que l’on peut conclure d’un sondage TNS Sofres réalisé au début du mois de novembre. Les personnes soumises à ce test obtiennent la triste note de 8,3 sur 20. Le niveau d’études n’a d’ailleurs qu’un faible impact sur le niveau de connaissances, puisque si les personnes sans diplôme obtiennent une note de 6,3, celles qui ont suivi un enseignement secondaire plafonnent à 7,5. Pire, les personnes diplômées d’un 2ème ou 3ème cycle universitaire obtiennent à peine la moyenne (10,5). Est-ce pour autant une surprise ? Non. L’inculture économique de notre pays, malheureusement devenue légendaire, constitue un mal endémique. « Nous sommes le seul pays d’Europe où […] l’action publique est lourdement entravée par le manque de conscience collective et de vérités comme ‘la gratuité n’existe pas, tout service a toujours un coût’ ou comme ‘tout déficit doit finalement être résorbé, tout prêt doit finalement être remboursé’ », constatait ainsi Michel Rocard, ex-Premier ministre socialiste. Hélas, ce dernier a omis de souligner que cette conscience collective était justement façonnée par le discours des élites, elles-mêmes bercées par une vision déformée, pour ne pas dire étatique, du fonctionnement de l’économie. Cette semaine encore, M. Marini (UMP) a ainsi justifié la création d’une nouvelle tranche d’impôt sur le revenu en estimant qu’au-delà de 100 000 €, « ce ne sont plus vraiment des revenus du travail qui seraient ainsi taxés mais, en pratique, les revenus de cadres supérieurs, de cadres dirigeants et de mandataires sociaux dont la rémunération reflète notamment le réseau de relations et le niveau élevé de responsabilités ». Comment ce montant a-t-il été déterminé ? Mystère... Dans un entretien au Parisien, M. Delanoë, maire socialiste de Paris, a quant à lui indiqué vouloir expérimenter dans la capitale un dispositif d’encadrement des loyers à la relocation afin de limiter la hausse de ces derniers. Peu importe que les précédentes tentatives de contrôle des prix aient toutes échoué. La conscience collective ne le sait pas. Et visiblement, nos élites non plus.

jeudi 18 novembre 2010

La très brillante fiscalité française

La cinquième édition du rapport Paying Taxes 2010 présenté par PwC (le cabinet d’avocats Landwell & Associés pour la France), en partenariat avec la Banque mondiale et la SFI, vient d'être publié. Nous n'avons pas résisté à l'envie de relayer le passage suivant :

" S’agissant du taux d’imposition, la France est 163ème (165ème l’an passé) avec un taux de 65,8 %, presqu’en queue des pays européens, seule l’Italie faisant pire avec 68,6%. La moyenne de l’Union européenne  se situe  à 44,2 %, l’Allemagne s’établissant à 48,2 %. « Cette position est surtout due au poids des cotisations sociales supportées par les entreprises françaises, l’impôt sur les bénéfices étant faible, notamment parce que les cotisations sociales et les autres impôts, importants dans notre pays, y sont déduits du bénéfice imposable », explique Philippe Durand, associé chez Landwell & Associés. Il faut d’ailleurs relever que l’entreprise type qui sert de base à ce calcul fait qu’elle échappe à beaucoup des impôts sectoriels dont la France est « spécialiste », ce qui contribue probablement à améliorer la place de la France dans cette étude ".

Une grande réforme de la fiscalité française est certes nécessaire. Le Président de la République ne s'y trompe pas. Elle doit toutefois s'accompagner d'une profonde révision des dépenses publiques et de notre système de protection sociale. Malheureusement, les premières orientations évoquées par la presse sont loin du compte.

Où vont aller les liquidités des entreprises ?

Si les États peinent à boucler leur fins de mois, les entreprises sont pour leur part confrontées à un problème de riche : elles ne savent que faire de leurs liquidités. Dans le secteur de la haute-technologie américaine et selon les dernières estimations des analystes, la trésorerie des groupes appartenant à l’indice Standard & Poor’s 500 ressort ainsi à 335 Mds $. Alors que les taux d’intérêt sont quasiment nuls, trouver une utilisation à ces montagnes de liquidités s’avère être une urgence. Au-delà des programmes de rachats d’actions, qui ne constituent que des palliatifs à court terme, les directions devraient finalement augmenter les dividendes, accroître leurs investissements et mener des acquisitions. Dans tous le cas, les liquidités accumulées devraient finir par circuler à nouveau dans le circuit économique. 

lundi 15 novembre 2010

Les fonds souverains font confiance au " Vieux Monde "

Selon un rapport de Monitor Group et de la Fondazione Eni Enrico Mattei, les fonds souverains sont repartis à l’offensive au cours du 1er semestre 2010. Ils ont en effet réalisé sur la période une centaine de prises de participation pour un montant équivalent à 22 Mds $. Les fonds les plus actifs ont été la Qatar Investment Authority, le singapourien Temasek et la China Investment Corporation. Dans le détail, il ressort en revanche que les pays de l’OCDE ont attiré 75 % des investissements des fonds souverains. À l’heure où les investisseurs occidentaux ne jurent que par les marchés émergents, ces derniers semblent donc croire que les meilleures opportunités se situent dans le « Vieux Monde ». Un paradoxe ? Pas vraiment, tant les derniers résultats des entreprises américaines et européennes ont démontré que la croissance des pays émergents leur profitait très largement...

mercredi 10 novembre 2010

L'Allemagne se distingue... une nouvelle fois

À l’heure où les États occidentaux se démènent pour réduire leurs dépenses et accroître leurs recettes avec plus ou moins de succès (selon que l’on se tourne vers le Royaume-Uni ou la France par exemple...), l’Allemagne semble évoluer sur une autre planète. Selon le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, les recettes fiscales de notre voisin seront en effet supérieures d’environ 15,2 Mds € aux prévisions réalisées en mai 2010. Sur la période 2010/2012, le surplus s’élèverait même à 60 Mds €, à en croire les calculs de la commission chargée de pronostiquer deux fois par an les recettes fiscales. De quoi remettre en question le choix de la rigueur ? Aucunement. Le chemin suivi par l’Allemagne « est le bon et nous nous sentons renforcés pour continuer cette politique », a ainsi affirmé le ministre des Finances. De quoi influencer la classe politique française ? Il faut l’espérer... 

mardi 9 novembre 2010

L'étalon-or : une solution parmi d'autres

Selon le directeur de la Banque mondiale, Robert Zoellick, il est plus que nécessaire de revoir l’actuel régime de changes flottants, en vigueur depuis la fin des Accords de Bretton Woods en 1971. Dans une tribune publiée dans le Financial Times, ce dernier évoque la nécessité de créer un système dans lequel l’or servirait à nouveau de point de référence international pour évaluer les attentes des marchés sur l’inflation, la déflation et la valeur future des monnaies. Concrètement, un tel retour à l’étalon-or aurait pour objectif de freiner le dérapage constaté au cours des dernières années tant sur le front de la politique monétaire (avec des taux d’intérêt de plus en plus faibles et une injection massive de liquidités) que du côté de l’endettement des États. Les autorités publiques ne seraient ainsi plus en mesure de créer massivement de la monnaie sans se préoccuper des conséquences à long terme. En proposant un tel modèle, M. Zoellick fait toutefois un aveu fracassant : les crises économique et financière des quinze dernières années sont la conséquence directe des interventions étatiques et non celle d’un libéralisme que certains qualifient de « débridé ». Au final, la solution passerait donc par un retour aux fondamentaux. Le directeur de la Banque mondiale propose de revenir à l’étalon-or. Il s’agit d’une piste parmi d’autres. Limiter la capacité des banques centrales à décider unilatéralement des taux d’intérêt en constitue une autre

jeudi 4 novembre 2010

Attention (également) à l'immobilier commercial

Les prix de la pierre s’envolent en France. Tout le monde est évidemment au courant tant la communication des acteurs du secteur (ainsi que sa publicité, d’ailleurs) trouve un accueil bienveillant dans les colonnes de nos journaux. Nous sommes revenus sur le sujet à la faveur d’un discours bien plus nuancé. Pour nous, la bulle dont il ne convient même pas de s’interroger sur la réalité, n’est toujours pas parvenue à éclater malgré deux années de recul des prix. Les vendeurs ont fait le dos rond et bien leur en a pris. Pour l’instant... Dans l’immobilier commercial, et si les prix restent plus sages, la baisse se profile également, la faute à la multitude de projets actuellement en gestation. Selon une étude de Procos et Eurelia, l’Hexagone reste le pays d’Europe dans lequel le plus grand nombre de projets et de mètres carrés sont programmés. « Ce volume apparaît déconnecté du niveau de consommation et de la demande des enseignes qui se montrent de plus en plus prudentes dans leur développement », soulignent les conclusions de l’enquête. Une baisse des prix est à prévoir, sauf à s’attendre à un boom économique sans précédent capable de digérer ses millions de mètres carrés supplémentaires... Autant dire que la certitude d’une baisse des prix est là. 

mardi 2 novembre 2010

Porté disparu...

Avez-vous des nouvelles du grand emprunt français annoncé à grands renforts de communication (l'image d'une Marianne enceinte avait été utilisée), voté par une majorité de nos parlementaires et dont, mystérieusement, nous n’entendons plus parler ? Souvenez-vous, les sommes levées à cette occasion devaient permettre de « dessiner la France de l’après-crise » à travers de « grands projets d’avenir ». à l’heure où la traque des niches fiscales pesant quelques dizaines de millions d’euros occupe l’exécutif et le législatif, il n’est finalement pas vraiment étonnant que ces derniers se fassent discrets. Rappelons que son montant, 35 Mds €, est venu grever un peu plus nos finances... Pour quels résultats ? Nous nous le demandons...

jeudi 28 octobre 2010

Les faux millionnaires français

Une récente étude publiée par la banque suisse UBS a démontré que la richesse détenue par les 4,4 milliards d’adultes répartis sur l’ensemble de la planète avait augmenté de 72 % depuis 2000. Elle atteint ainsi 195 000 Mds $, soit environ 44 000 $ par personne. Toujours selon UBS, 24,4 millions d’individus, soit 0,5 % de la population, sont des millionnaires. Sans surprise, il ressort que la majorité d’entre eux (41 %) vivent aux États-Unis. Le Japon figure en 2ème position avec 10 % des millionnaires. Il est on ne peut plus logique, vous en conviendrez, de retrouver ces deux géants économiques en tête de classement. La suite est autrement plus surprenante. La France serait non seulement la nation européenne la plus riche (12 100 Mds $) mais également le 3ème pays au monde abritant le plus grand nombre de millionnaires (2,2 millions). La population française étant composée de 48 millions d’adultes, 4,5 % d’entre eux seraient millionnaires !
En plein conflit social, cette étude a évidemment donné du grain à moudre aux partisans d’une plus grande taxation des « riches » que le système fiscal français n’aurait, selon eux, pas incité à fuir le pays. Avant de s’extasier sur les perspectives offertes par l’exploitation de cette nouvelle et immense ressource financière, ces ayatollahs de l’impôt devraient toutefois prendre le temps d’analyser l’étude d’UBS. Pour commencer, celle-ci prend comme devise de référence le dollar. Dès lors, un Français détenant 724 000 € est considéré comme un millionnaire en dollars. Sauf à envisager l’expatriation outre-Atlantique, nombre de ces millionnaires ne sont que virtuels. De même, le patrimoine prend en compte l’immobilier. Compte tenu du parcours de la pierre en France depuis 2000 (+ 115 % environ), la richesse des Français est gonflée par la valeur de leur résidence principale. Ce qui n’est pas le cas en Allemagne par exemple. Enfin, au-delà de cette photographie réalisée à un instant particulièrement favorable, il convient de s’interroger sur la dynamique. Notre pays crée-t-il de la richesse ou vit-il sur celle accumulée au cours de son glorieux passé ? La réponse est malheureusement évidente.

mardi 26 octobre 2010

La manipulation des taux

Nous sommes récemment revenus dans ces mêmes colonnes sur la crainte exprimée par plusieurs responsables de premier plan du monde économico-politique, quant à l’émergence d’une véritable « guerre des monnaies ». A notre sens, celle-ci est déjà d’actualité, malgré les précautions d’usage empruntées par ces mêmes intervenants. Aux Etats-Unis, et en dépit des déclarations de façade habituelles prônant un dollar fort, le billet vert est consciencieusement instrumentalisé dans sa baisse, celle-ci étant considérée comme une véritable arme destinée à relancer les exportations et, de là, la machine économique américaine. En Chine, il en est évidemment de même. L’ex-Empire du milieu n’est encore qu’un « unijambiste » malgré les incantations récentes des hautes sphères politiques, la consommation des ménages ne parvenant pas à épauler les exportations toujours très dynamiques et qui bénéficient, entre autres, d’une monnaie sous-évaluée de manière planifiée. Entre ces deux blocs, c’est à dire comprimée entre ces forces, l’Europe fait office de tampon, ou de dindon de la farce, pour être plus trivial. Malgré une situation économique au mieux acceptable et des prévisions de croissance plus que limitées, l’euro n’a de cesse de s’apprécier face aux principales devises. Un paradoxe apparent qui s’explique toutefois. Si la Banque centrale européenne (BCE) n’est indépendante que par le cadre juridique qui est le sien (ses dirigeants sont nommés par les politiques des pays membres), celle-ci semble malgré tout bien plus éloignée des contingences nationales donc souvent bassement politiques que ne le sont ses homologues américaine et chinoise. Or, au terme du G20 qui s’est tenu à Séoul (Corée du Sud), certains grands argentiers du Vieux Continent ont exprimé leur mécontentement face à ce « deux poids, deux mesures ». Et d’une manière que l’on pourra saluer car relevant d’une certaine orthodoxie souvent oubliée en ces temps difficiles. Ainsi, et sa nationalité n’est pas une surprise en soi, le ministre allemand de l’économie, Rainer Brüderle, s’est montré critique à l’égard de la politique américaine d’augmentation des liquidités. « De mon point de vue, une augmentation excessive et permanente des liquidités constitue une manipulation indirecte du taux des marchés des changes », a-t-il ainsi indiqué. C’est un fait avéré et il suffit pour s’en rendre compte de constater que l’annonce par la Réserve fédérale américaine d’une poursuite des rachats de titres du Trésor, les fameuses mesures d’assouplissements quantitatifs qui doivent être considérées comme le recours à la planche à billets dans son acception la plus grotesque, a conduit à la baisse du dollar face aux autres monnaies de référence. Mais pourquoi ne pas aller plus loin et revendiquer, ouvertement, une fixation libre des taux d’intérêt, c’est à dire un système qui ne répondrait qu’à deux éléments, l’offre et la demande ? La monnaie demeure en effet encore « la chose du prince », comme cela fut le cas au Moyen-âge... Les conséquences – obligatoirement néfastes, ne nous leurrons pas – peuvent être limitées un temps mais au final, il en est tout autrement. Ainsi et depuis plus de dix années, la succession des bulles dites « spéculatives » s’explique par ces manipulations sur le « prix de la monnaie » et sur l’accès à un argent qui n’a jamais été aussi aisé. Avec un taux d’intérêt proche de zéro, de très nombreux projets commerciaux et industriels sont rendus possibles car ils deviennent rentables (faiblement, certes, mais rentables malgré tout). Nous l’avons vu durant la bulle Internet, pour une illustration radicale de ce phénomène. Reste que tout grain de sable grippe très vite la machine et que la bulle éclate, irrémédiablement... 

Nous l’avons également constaté sur les matières premières, agricoles ou autres. Pire, les capitaux qui auraient pu être employés à des moyens plus « nobles » et donc plus rentables ne l’ont pas été, la facilité l’ayant en toute logique emporté. Dans l’immobilier, et les hérauts du secteur n’ont de cesse de nous le rappeler, les taux bas permettent l’accès à la propriété à des populations qui ne pouvaient même pas y penser. Sauf qu’en cas de coups durs, ces dernières ne peuvent rembourser leurs échéances. Nous l’avons vu aux Etats-Unis avec les « subprimes », le retour de bâton a été particulièrement néfaste, les mathématiciens de la finance ayant amplifié le phénomène qu’ils n’avaient pas créé, soulignons-le. Plus grave encore et du fait des taux maintenus à des niveaux planchers de manière artificielle, l’épargne n’est pas rémunérée à la hauteur des sacrifices qu’elle nécessite. La consommation et l’endettement à vocation consumériste sont érigés en valeur suprêmes, la devise « Argent gratuit » étant plébiscitée pour des réalisations de court terme. Mais c’est oublier que c’est par l’épargne et son accumulation que des projets structurants et progressifs ont été rendus possibles par le passé. Comment ne pas penser également aux grandes entreprises américaines qui s’endettent actuellement afin de racheter leurs titres sur le marché et ainsi faire progresser de manière comptable leur bénéfice par action ? Où est l’investissement ? Où sont les projets ? Qu’est devenu le capitalisme ? Ce ne sont là que des exemples, lesquels sont malheureusement légion. La manipulation des taux de change passe par la manipulation des taux d’intérêt. Celle des choix individuels tout autant. Plus généralement, l’économie d’aujourd’hui et surtout celle de demain auront toutes les peines du monde à se relever de cette situation car les mesures de bon sens sont pour l’heure systématiquement rejetées par ceux qui détiennent le pouvoir. Un sevrage est évidemment nécessaire et si la création d’un marché libre de l’argent n’est pas pour demain, une remontée des taux est quant à elle plus que nécessaire. Certes, la sortie de crise risque d’être plus délicate à négocier car bon nombre d’activités économiques, très peu rentables, ne s’en relèveront pas. Mais il convient une fois pour toute de siffler la fin de la récréation et de mettre un terme aux « années Greenspan ». La fête est finie, donc. Il  est plus que nécessaire, et le plus vite sera le mieux, de faire accepter ce changement de politique monétaire par tous les acteurs économiques puis de modifier ou d’activer des mesures d’encadrement destinées à s’attacher aux défis qui s’imposeront (hausse du taux de chômage, désindustrialisation des économies matures, etc.) tout en encourageant l’investissement, la   recherche et l’éducation. Et ce afin de partir sur de nouvelles bases, saines. Dans le cas contraire, les crises vont continuer de se succéder encore et toujours, les bulles gonfler puis éclater et les pays occidentaux poursuivre leur déclassement face aux géants en devenir du monde émergent, tout en laissant sur le bord du chemin une part grandissante de leur population. La question est donc la suivante : convient-il de privilégier aujourd’hui ou demain alors qu’il s’agit plus là d’un choix de société que d’un choix purement économique ? Comme nous le voyons sur de nombreux sujets actuellement au cœur de l’agenda politique, le présent a toujours la préférence des législateurs dont la frilosité prend le dessus sur la responsabilité. Mais espérons...

mardi 19 octobre 2010

Automobile : un avenir encore trop flou

À écouter les constructeurs automobiles récemment réunis au Mondial 2010 à Paris, le pire fait désormais partie du passé pour le secteur. Tous estiment avoir compris les nouvelles attentes des consommateurs et opéré la mutation nécessaire pour y répondre. Les groupes français vont également de l’avant et font le pari de l’électrique. Tout irait ainsi pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Nous avons encore quelques doutes.   

Quelles restructurations ?

Suite à la dernière crise financière et économique, le secteur automobile a bénéficié d’un soutien étatique en Europe comme aux États-Unis. Un vaste système de primes à la casse était ainsi mis en place en Europe de l’Ouest pour encourager les consommateurs à acheter des voitures neuves et permettre aux constructeurs de réduire leurs stocks d’invendus. Cette mesure a certes permis d’amortir la chute de la demande... mais elle retarde d’autant une éventuelle et « réelle » reprise. Beaucoup de ménages ont anticipé leur achat pour profiter de l’effet d’aubaine : ils ne vont pas revenir dans les concessions avant plusieurs années. Dans ce contexte, une baisse des ventes d’environ 7 % à 9 % en 2010 puis de 5 % en 2011 est attendue en Europe de l’Ouest. La dynamique est donc loin d’être porteuse. 

La stratégie des constructeurs aura été de faire croire aux États que leurs difficultés étaient conjoncturelles et non structurelles. Compte tenu de leur poids économique, notamment en termes d’emplois, ils ont obtenu d’importantes aides. Comme l’a si bien souligné  Bernard Julien, directeur du Gerpisa, un centre de recherche consacré à l’automobile, le secteur bénéficie, au même titre que les grandes banques, de la protection implicite liée à la règle du « Too big to fail » (trop gros pour faire faillite). Malheureusement, les difficultés des constructeurs restent structurelles et la crise aurait dû accélérer la restructuration comme la transformation du secteur. Or, il n’en a rien été. Les réductions de coûts n’ont en aucun cas été massives et le changement stratégique n’a pas eu lieu. Les constructeurs continuent de sortir des modèles bourrés de technologie mais de plus en plus chers, qui nécessitent de lourds investissements et sont impossibles à rentabiliser sans d’importants volumes. Reste que les ventes en Europe comme aux États-Unis pourraient justement ne pas retrouver leurs niveaux de 2007 avant quatre à cinq ans. Sur le Vieux Continent, les capacités de production restent ainsi inutilisées à hauteur d’un tiers. Selon certains, la solution serait de mettre le cap sur les marchés émergents où la demande est forte. Sauf que les autorités locales ont tout autant envie de soutenir leurs constructeurs nationaux. Ces derniers maîtrisent déjà la technologie et vont constituer une menace concurrentielle importante. 

Le cas des constructeurs français

Renault et PSA (Peugeot et Citröen) souffrent de leur côté d’un positionnement en entrée de gamme où les marges sont les plus faibles. Dès lors, Renault a choisi de jouer la carte du low-cost (« bas coûts ») en développant l’offre de Dacia, concentrée sur les éléments basiques, tandis que PSA tente de capter les hauts-revenus désireux d’acquérir des citadines en faisant renaître la marque DS. Les deux font également le pari de l’électrique. Un pari osé alors que de nombreuses difficultés se font jour. Les prix de vente et/ou de location de la batterie ne justifient pas l’éventuelle économie d’énergie, l’autonomie est encore limitée, les constructeurs ne se sont pas mis d’accord sur un format standard de recharge et le modèle n’est pas viable sans subventions... 

Il est trop tôt pour revenir sur les titres des constructeurs qui ne sont pas, selon nous, capables de vivre sans aides publiques. L’électrique reste pour sa part très risqué. Plus globalement, nous estimons qu’une restructuration est encore nécessaire et que le nombre de constructeurs doit se réduire.

jeudi 14 octobre 2010

Le Japon s'enferme dans un cercle vicieux

Sans surprise, le gouvernement japonais a approuvé une énième rallonge budgétaire en vue de relancer l’économie de l’Archipel. Quel est son montant ? 5 050 Mds JPY, soit environ 44 Mds €. Quel sera son impact ? Nul, comme d’habitude. Selon le gouvernement, les mesures à financer porteront sur cinq aspects jugés prioritaires dont l’emploi et la croissance économique. L’arrivée à terme de plusieurs dispositifs de soutien public à l’achat de voitures et de produits électro-ménagers justifie cette décision, à en croire le gouvernement. Au final, le Japon s’estime donc contraint de remplacer des aides temporaires par de nouvelles aides tout aussi « temporaires », et ce depuis plus de vingt ans, sans que la croissance du pays ne reparte durablement à la hausse. Rassurez-vous : la hausse du déficit budgétaire affiche, pour sa part, une régularité sans faille. Alors que l’endettement du pays dépasse 270 % du produit intérieur brut, ce petit jeu pourrait donc prendre fin plus vite que prévu.

mardi 12 octobre 2010

Devises : rien ne va plus...

À l’issue de la réunion du G20 puis de celle du G7 qui se sont tenues le week end dernier à Washington, une conclusion s’impose : une guerre des changes, qui ne veut pas dire son nom, est lancée. Un texte de compromis a certes été publié pour appeler le Fonds monétaire international à renforcer sa surveillance des monnaies. Il ne fait toutefois que confirmer le sentiment des observateurs, à savoir qu’aucun des poids lourds économiques de la planète n’est prêt à s’engager dans une coopération internationale visant à stabiliser ou rééquilibrer les taux de change. Aucune action concertée des banques centrales n’est en effet prévue. Dans ces conditions, une guerre « larvée » prend forme.

La zizanie monétaire

Les dernières semaines ont tout d’abord vu les États-Unis et l’Europe accentuer la pression sur Pékin pour que les autorités chinoises laissent le yuan s’apprécier face aux autres monnaies. Sans succès. La Chine estime qu’il est encore trop tôt pour réévaluer sensiblement sa devise, de surcroît dans un environnement mondial marqué par une faible croissance en Occident. La source du dynamisme chinois reste la compétitivité des produits fabriqués dans l’ex-Empire du Milieu. La consommation intérieure n’a pas encore pris le relais et le pouvoir en place ne souhaite pas tenter de pari sur ce front.
De leurs côtés, les pays émergents fustigent l’Europe et les États-Unis pour leur politique monétaire laxiste qui conduit à un afflux de liquidités sur leurs marchés et leurs devises, conduisant ainsi à l’appréciation de celles-ci. De même, le Japon et l’Europe se plaignent de la faiblesse du dollar. L’Archipel est incapable d’enregistrer une croissance économique durable depuis près de vingt ans, vit essentiellement de ses exportations et affiche un endettement supérieur à 270 % de son produit intérieur brut. Le yen a pourtant inscrit un plus haut de quinze ans face au dollar. Quant à l’euro, il a effacé les deux-tiers des pertes enregistrées dans le sillage de la crise grecque alors même qu’une dévaluation de la devise européenne était bien accueillie par certains économistes qui y voyaient une planche de salut pour l’économie du Vieux Continent. Enfin, nous noterons qu’au sein même de l’Union, des divergences se font jour entre la France et l’Allemagne. Cette dernière reste en effet partisan d’une devise forte, ses exportations restant peu sensibles aux fluctuations de l’euro, contrairement à la France.

Le risque du protectionnisme

Alors que la zizanie gagne du terrain, les dirigeants politiques s’affolent et risquent de céder à la tentation du protectionnisme, une solution efficace pour remonter dans les sondages mais destructrice de valeur pour l’ensemble de la planète. D’ores et déjà, le Japon et la Suisse sont intervenus, en solitaire, pour freiner l’ascension de leur monnaie. Le Brésil, la Corée du Sud et la Pologne ont mis en place des mesures de contrôle des changes (les transactions sur les devises étrangères sont limitées pour les ressortissants du pays). L’Inde devrait suivre le mouvement tandis que la Chambre des représentants a voté une loi ouvrant la voie à la mise en place de barrières douanières aux États-Unis en riposte à la sous-évaluation du yuan, perçue comme une subvention déguisée.

La volatilité et les mouvements décorrélés des fondamentaux enregistrés sur le marché des changes trouvent leur source dans l’excès de liquidités. La base monétaire a progressé de 18 % par an en moyenne depuis 1996... Pourtant, les banques centrales, encouragées par les gouvernements, persistent dans ce sens. Sans résultat sur la croissance, de surcroît.

samedi 9 octobre 2010

Moody's voit en la Chine un bon élève

L’agence de notation Moody’s envisage de relever d’un cran la note de la dette souveraine de la Chine. Selon elle, « les performances solides de l’économie chinoise » ainsi que ses perspectives de croissance justifient à elles seules une telle réflexion. Dans la foulée, la China Development Bank, l’Export-Import Bank of China et l’Agricultural Development Bank of China, trois établissements chargés de financer des projets gouvernementaux, pourraient bénéficier d’un tel relèvement. L’agence souligne que les investisseurs perçoient un risque quasi-nul pour les obligations d’États chinoises. Après avoir été relevée en novembre dernier, la note de la Chine s’inscrit actuellement à A1, soit au 5ème rang dans l’échelle Moody’s. Cette dernière aurait-elle oublié la masse de dettes qui a été émise par les municipalités, districts et autres provinces et qui déstabilise leurs budgets ? Non, mais elle estime que Pékin dispose de liquidités suffisantes pour pallier d’éventuelles défaillances... Alors que le gouvernement central est déjà supposé faire face aux conséquences de la prochaine explosion de la bulle immobilière, cette confiance aveugle de l’agence a de quoi surprendre...

vendredi 8 octobre 2010

Votre Argent 2011 est sorti !

Comment investir aujourd’hui ? Choisir un produit d’épargne ? Faut-il encore investir dans la pierre ? L’investissement boursier est-il payant ? Comment évaluer les risques ? Comment profiter des divers avantages fiscaux ? Pour répondre sereinement à toutes vos interrogations : Votre argent 2011 est la référence.
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mercredi 6 octobre 2010

L'euro, un mourant bien vigoureux

Cette semaine, les media ont longuement relaté l’ascension, semble-t-il irrésistible, de l’euro qui a franchi les 1,38 $. Bien sûr, les experts économiques n’ont pas été à court d’arguments pour expliquer l’origine de cette envolée. Ainsi, le dernier message adressé par la Réserve fédérale aux marchés a renforcé la probabilité de voir la banque centrale américaine s’engager dans une nouvelle vague d’assouplissement quantitatif. Or, une telle politique revient à créer de la monnaie pour intervenir sur le marché du crédit. Logique, dans ces conditions, que le dollar subisse une telle sanction. Rappelons qu’en trois mois, il a reculé de près de 10 %. Logique, donc, et fin de l’article ? Non. Certains oracles des sciences économiques s’en tireraient ainsi à trop bon compte. Revenons plutôt quelques mois en arrière, au début de l’année 2010. La dette grecque fait trembler la zone euro, le FMI est contraint d’intervenir pour éviter un défaut de paiement d’Athènes et les Cassandres annonçent l’explosion de la monnaie unique. Dans nos colonnes, nous nous moquions alors du crédit accordé à d’aussi funestes prévisions, de surcroît émises par des gourous qui avaient toujours été pessimistes sur l’orientation du dollar. Kenneth Rogoff était l’un d’eux. Il déclarait alors : « Je pense que la baisse de l’euro va se poursuivre [...]. Il pourrait tomber à 1,10 $. Il pourrait même atteindre la parité avec le dollar ». Cet ancien chef économiste du FMI (de 2001 à 2003) avait pourtant annoncé l’effondrement du billet vert. En réalité, rien ne justifiait un tel revirement de sa part et des autres « spécialistes » si ce n’est leur quête perpétuelle de publicité gratuite. Nouriel Roubini suivait ainsi le même chemin en s’appliquant à y ajouter une touche de catastrophisme, son véritable fonds de commerce. Dans La Monographie de la presse parisienne, Honoré de Balzac disait : « Le prophète voit les anges, mais l’incrédule les fait voir au public ». Après avoir relaté les paroles de ces gourous dans le seul but de gonfler les audiences de leur media respectif, les journalistes ne pourraient-ils pas, aujourd’hui, faire appel à leur conscience professionnelle et revenir vers les auteurs de ces annonces ? Ils n’en feront rien, soyez-en sûr.

jeudi 30 septembre 2010

Capitalisme et progrès humain

Un certain nombre de Français se méfient du capitalisme. Quelques dirigeants de haut rang ont d’ailleurs, par le passé, fait montre d’une même suspicion à son encontre. Pour une part importante de nos concitoyens, le capitalisme est associé à l’exploitation de l’homme (comprendre la majorité) par l’homme (comprendre une minorité), à la loi de la jungle qui ravale le pauvre et le faible (individu comme état) à des entités négligeables ainsi qu’aux désordres écologiques engendrés par l’industrialisation et la transformation des ressources naturelles. La liste des méfaits qui lui sont associés est telle (guerres, famines, etc.) que nous vous livrons une version résumée. Pour les tenants de ce discours, le monde va à sa perte et rien de bon n’est à conserver dans la marche actuelle de l’Histoire. à cela, nous pouvons opposer quelques données simples. L’enrichissement des populations mondiales, rendu possible par l’adoption quasi planétaire des règles du capitalisme, est ainsi à mettre en rapport avec la baisse drastique du nombre de conflits armés dans le monde. Dans le même temps, comment peut-on occulter le recul de la pauvreté à l’échelle de la planète ? Ainsi et selon les récentes données fournies par la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), la  proportion des habitants des pays en développement vivant en dessous du seuil de pauvreté est passé de 46 % à 27 % entre 1990 et 2005. Le développement économique de l’Inde, de la Chine, du Brésil et de nombreux états à travers le monde est en cause. Et celui-ci obéit, en dépit de certains spécificités locales, aux règles dites « du marché ». Si le capitalisme ne saurait être parfait (il a toutefois fait preuve de son efficience économique), il ne peut pour l’heure qu’être associé au progrès, n’en déplaise à certains.

mardi 28 septembre 2010

Création de valeur : l'Occident absent

Selon le classement annuel réalisé par le Boston Consulting Group, les dix entreprises les plus créatrices de valeur au cours des cinq dernières années sont exclusivement asiatiques, la palme revenant à Tencent, le géant hong-kongais de la haute-technologie (106,3 % par an). La moitié de ces sociétés est en outre originaire de la seule Chine. Pour rappel, ce classement est basé sur le TSR (Total Shareholder Return ou Rentabilité totale pour l’actionnaire) qui se compose de la performance boursière et du dividende d’une action sur cinq ans. La première société française arrive en 198ème position et il s’agit d’Hermès. Le bilan est donc accablant pour les sociétés européennes et américaines. Beaucoup y voient la traduc- tion du changement qui s’opère au niveau mondial avec l’émergence de nouvelles puissances économiques et la chute des pays matures. Pourtant, il ne faudrait pas confondre la performance des entreprises et celle de leur titre en Bourse. Les sociétés occidentales n’ont pas démérité dans un environnement effectivement adverse sur leurs terres. Certaines ont même dévoilé des résultats et des dividendes records au cours des derniers mois. Les investisseurs occidentaux ont toutefois été particulière- ment sévères avec elles dans un contexte de crise. Leurs valorisations se sont ainsi effondrées, ce qui a pesé sur leur TSR. Les cinq dernières années ont en réalité été très favorables aux sociétés asiatiques et plus particulièrement chinoises. Rien ne dit qu’il en sera de même lorsque la bulle actuellement à l’œuvre dans l’ex-Empire du Milieu aura éclaté...

jeudi 8 juillet 2010

Microsoft et la menace Google

Si Google est depuis longtemps identifié comme étant la principale menace pour le groupe Microsoft, les récents développements menés par la société californienne rendent son offensive plus concrète que jamais.
Le groupe de Redmond saura-t-il réagir ? Le temps lui est en tous les cas compté.

Une offensive visant Microsoft

Les produits et services développés par Google au cours des dernier mois (navigateur internet Chrome, messagerie Gmail, suite bureautique Google Apps et système d’exploitation mobile Android) ont tous un point commun : ils concurrencent Microsoft sur son propre terrain. Rien ne semble d’ailleurs devoir stopper l’offensive de Google qui s’apprête dès la rentrée à attaquer le noyau dur de la firme de Redmond, à savoir le système d’exploitation Windows, en lançant Chrome OS. Pour arriver à ses fins, le moteur de recherche, qui s’est donné comme mission « d’organiser l’information à l’échelle mondiale et de la rendre universellement accessible et utile », a résolument pris le cap de l’innovation. Gratuit, Chrome OS se base en effet sur une technologie appelée le « cloud computing » et qui pourrait signifier en français « l’informatique dématérialisé ». Concrètement, toutes les applications du système d’exploitation seront hébergées sur des serveurs externes et accessibles par Internet, et non plus sur le disque dur des ordinateurs personnels. Les avantages sont nombreux : le système est centré sur Internet (qui est aujourd’hui la principale utilisation des ordinateurs), rapide (le démarrage se fera en quelques secondes), léger, évolutif et plus sécurisé que jamais puisque les données sont centralisées sur des centres d’hébergement de classe mondiale. Ce dernier point constitue toutefois un argument à double-tranchant. Le « cloud computing » pose ainsi la question de la propriété des informations mais aussi des systèmes d’information. Il créé notamment une dépendance vis-à-vis d’un tiers, ici Google. Le choix de ce dernier peut donc être perçu comme audacieux – les individus comme les entreprises pourraient craindre de perdre le contrôle – mais il apporte, quoi qu’en disent les critiques, une véritable innovation par rapport à l’offre actuelle de Microsoft qui équipe, rappelons-le, 92 % des ordinateurs dans le monde. Compte tenu de l’aura dont bénéficie Google, cette nouvelle attaque pourrait véritablement lui permettre de prendre des parts de marché à Microsoft et d’accroître son espace publicitaire auprès des utilisateurs. Un précédent existe : rappelons ainsi que dans le domaine des téléphones intelligents, le logiciel de Google (Androïd) détient 10 % de parts de marché, ce qui lui permet de devancer Microsoft et son Windows Mobile (6,8 % de pdm), pourtant plus ancien.

Quelle réaction de microsoft ?

Face à cette offensive, Microsoft paraît déstabilisé. Le groupe est en difficulté dans le domaine des téléphones intelligents et des tablettes tactiles qui constituent pourtant l’avenir de l’informatique personnel. À la surprise générale, le projet « Courier » de Microsoft, une tablette en forme de livre, ne s’est pas transformé en produit commercial. Dans le domaine de la recherche sur Internet, le groupe a lancé le moteur Bing pour déplacer la bataille sur le terrain de Google. S’il est parvenu à gagner des parts de marché, son potentiel semble pourtant réduit tant la marge d’innovation semble faible par rapport à l’offre de Google. Au final, la sortie de Windows Phone 7, prévue pour la rentrée, constituera, selon nous, un test majeur. Le géant n’a pas le droit à l’échec. 

vendredi 25 juin 2010

Gare aux émergents !

Depuis plusieurs mois, nous vous alertons sur les risques que vous pouvez encourir à rester trop exposé sur la zone émergente. Nous ne modifions pas notre point de vue : les risques qui pèsent sur les quatre pays regroupés sous l’acronyme BRIC, et plus particulièrement sur la Chine, ne sont pas à négliger malgré un discours ambiant qui verse dans un optimisme béat. La restriction dans l’accès au crédit devrait ainsi peser sur le parcours des BRIC. Selon plusieurs analystes, le pic de croissance des émergents serait désormais derrière nous : la  Chine semble déterminée à faire dégonfler la bulle immobilière tandis que l’Inde et le Brésil ont entamé un cycle de relèvement des taux d’intérêt. Au plan purement boursier, ces informations ont-elles été prises en considération ? Manifestement oui : ainsi et depuis leur récent sommet touché en avril, la place boursière indienne a cédé 7 %, son homologue brésilienne 14 % tandis que les indices de référence chinois et russe abandonnaient tous les deux 20 %.

Chine : l’exubérance

Un responsable du gouvernement chinois a indiqué récemment que les exportations du pays avaient augmenté de 50 % au mois de mai et sur une année. La Bourse de Shanghaï saluait aussitôt cette annonce par un bond de 3 %, oubliant que l’inflation, dans le même temps, ressortait à 3,1 %. Voilà de quoi alimenter le débat sur les pressions inflationnistes à l’heure où les revendications salariales se font plus prégnantes (les grèves se multiplient dans « l’usine du monde »). Du côté de l’immobilier et de la construction, qui compte rappelons-le pour environ 40 % du Produit intérieur brut (PIB) chinois, aucune accalmie n’est à noter malgré les mesures – bien peu contraignantes il faut l’avouer – mises en place par le régime (voir PU n° 2419, page 11). à cet égard, l’inquiétude touche les dirigeants du pays. Ainsi, Li Daokui, membre du comité de politique monétaire de la Banque populaire de Chine, estimait dans un entretien accordé au Financial Times que « le problème du logement en Chine est plus important que celui du marché immobilier aux états-Unis avant la crise financière ». Et ce dernier de pointer du doigt les problèmes sociaux « de grande ampleur » auxquels pourrait conduire cette situation. Voilà un avertissement dont il conviendra de se souvenir. Pour ce qui est enfin de la réévaluation de la monnaie que l’Occident appelle de ses vœux de manière appuyée, la prudence reste plus que jamais de mise. Il est vrai que la chute de l’euro a entraîné mécaniquement une appréciation du yuan. Si les exportations de l’ex-Empire du Milieu n’en ont guère souffert pour l’instant (voir plus haut), nul doute que les partisans d’un statu quo y trouveront là l’occasion de donner de la voix.

Inde : attention aux déficits

Face à la crise économique mondiale, les autorités indiennes avaient pris d’importantes et dispendieuses mesures visant à soutenir l’activité. En conséquence, les déficits publics ont fortement augmenté pour désormais atteindre 6,8 % du PIB, soit un plus haut depuis seize années. En fait, le véritable problème du pays repose sur la manière dont ces déficits se sont creusés : le gouvernement a ainsi privilégié les subventions directes aux investissements structurants et porteurs de croissance. Voilà qui pourrait donc peser, à terme, sur le dynamisme du pays et qui explique l’inquiétude qui se fait jour parmi les conseillers du Premier ministre. Pour l’heure toutefois, la croissance reste au rendez-vous : le PIB a ainsi progressé de 7,4 % en une année au mois d’avril pour des projections faisant état d’une hausse de l’activité de 8,5 % pour l’exercice suivant. Le pays a poursuivi son resserrement monétaire avec une 2ème hausse en avril : même s’il s’agit là d’une certaine « normalisation », ce mouvement accélère le retournement des indicateurs avancés et devrait peser sur les projections de bénéfices des entreprises. Un soutien qui risque de manquer à la Bourse de Bombay.

Brésil : éviter la surchauffe

La Chine n’est pas le seul pays à craindre que son économie ne s’emballe. Le Brésil, qui est parvenu à échapper à la récession, s’attelle également à éviter la surchauffe alors que les économistes tablent sur une croissance du PIB de 7 % en 2010. Des coupes budgétaires ont ainsi été annoncées pour une réduction des stimuli étatiques de l’ordre de 1 % du PIB. L’inflation, qui avoisine pour l’heure les 5 %, est d’ailleurs surveillée comme le lait sur le feu. Un nouveau cycle de politique monétaire restrictive a été engagé alors que le principal taux d’intérêt était relevé de 8,75 % à 9,5 %. Des tours de vis supplémentaires sont à attendre dans les prochains mois si la croissance s’approche des 7 %. Ce virage s’annonce difficile à négocier mais reste nécessaire : un pays dont l’activité croît trop vite crée des déséquilibres
(financiers, sociaux) qui peuvent entraîner de violents ajustements. Et si le Brésil a encore les faveurs des investisseurs, une certaine méfiance pourrait très vite s’installer chez eux.

Russie : attention aux déficits

Pour la 14ème fois en une année, la Russie a abaissé ses taux d’intérêt. En estimant que les conditions actuelles de politiques monétaires permettaient au pays de soutenir la croissance tout en réduisant les pressions inflationnistes, la banque centrale a indiqué vouloir opérer une pause dans ses ajustements monétaires. Ce stimulus vise à encourager l’endettement destiné à relancer la machine économique. Pour l’heure, les résultats ne sont toutefois guère significatifs. Les autres indicateurs de la reprise tant espérée donnent par ailleurs une vision très contrastée de la situation. Voilà qui ne plaide guère pour un rebond de la Bourse.

Notre exposition aux zones émergentes reste minimale et réduite à zéro pour ce qui est de la Chine.

mercredi 16 juin 2010

Les " très sérieuses " prévisions des économistes

Voici quelques jours, un entretien paru dans le quotidien Les Échos a attiré notre attention. Kenneth Rogoff, professeur d’économie à Harvard, ancien chef économiste du Fonds monétaire international de 2001 à 2003 et coauteur d’une Histoire des crises financières, y livre sa vision sur la crise de la dette européenne. Il revient plus particulièrement sur la chute de l’euro en déclarant : « Je pense que la baisse de l’euro va se poursuivre. Il pourrait tomber à 1,10 $ – voire moins – compte tenu de son niveau de surévaluation de départ. Il pourrait même atteindre la parité avec le dollar ». Bien. Si M. Rogoff évoque si justement « la surévaluation de départ de la devise européenne », c’est bien entendu parce qu’il faisait partie de ces très nombreux économistes pointant du doigt cette surévaluation patente et les risques concomitants d’un effondrement de l’euro. Il s’agit là d’une évidence... Sauf qu’aucun économiste, du moins parmi ceux accordant des entretiens aux journaux et aux télévisions, n’a jamais évoqué un tel problème. Tous s’acharnaient au contraire à annoncer la fin du dollar, et ce depuis plusieurs mois. Nous sommes donc allés vérifier les propos de M. Rogoff avant que l’euro ne chute face au billet vert, ce que le journaliste qui lui a offert cette tribune aurait dû faire avant nous afin de remettre en perspective ses prévisions.
Le 11 avril 2008, alors que l’euro s’échange à 1,60 $, Kenneth Rogoff écrit un article intitulé « Goodbye to the dollar ? » (L’adieu au dollar ?). Il estime dans cet article que « si l’euro était prêt pour jouer les premiers rôles, nous pourrions très bien voir son taux de change avec le dollar franchir les 2 $, et pas seulement les 1,65 $ ou 1,70 $, comme il semble condamné à le faire de toute manière ». Ce niveau n’a finalement jamais été atteint. Sans nous décourager, nous avons passé en revue l’essentiel des articles rédigés par M. Rogoff ces cinq dernières années. À notre grande déception, il ne fait nulle part mention d’une quelconque surévaluation de l’euro. Pire, il souligne que le billet vert est sur une tendance « baissière » de long terme. « Si le dollar devait tomber du piédestal où il se trouve en tant que monnaie dominante, l’euro serait la seule alternative crédible », ajoute-t-il en 2008. Bref, M. Rogoff peut aujourd’hui affirmer dans la presse que la parité sera atteinte. Peut-être le sera-t-elle d’ailleurs. Mais quelle est sa crédibilité ? Comme la majorité de ses confrères, Kenneth Rogoff vient régulièrement ajouter de l’huile sur le feu dès qu’une crise surgit, et ce afin de faire parler de lui. Son objectif n’est pas de prévoir l’évolution de l’économie mais de capitaliser sur celle-ci afin de renforcer sa notoriété. Rien de très sérieux donc...

jeudi 3 juin 2010

Un point sur les valorisations

(Achevé de rédiger le 1er juin 2010)
Depuis maintenant plusieurs semaines, les marchés d’actions traversent une période de fortes turbulences. Les investisseurs sont obnubilés par les difficultés budgétaires de la Grèce et craignent une contagion à l’ensemble des pays de la zone euro. Mêmes les places américaines, peu sensibles dans un premier temps aux inquiétudes entourant la dette européenne et l’euro lui-même, ont fini par se retourner à la baisse. Alors que les opérateurs semblent succomber à une crise de paranoïa, il convient une fois de plus de conserver son sang-froid. Dans cette optique, nous revenons cette semaine sur les niveaux de valorisation des actions. Avec, à la clef, un message rassurant.

Un marché européen nettement décoté

Et si l’euro disparaissait ? Et si la Grèce, le Portugal et l’Espagne faisaient faillite ? Et si l’Europe replongeait en récession ? À force de n’échafauder que les pires hypothèses, les investisseurs semblent oublier qu’une action reflète avant tout le prix d’une entreprise. Ainsi, alors que les Bourses reculent mais que les bénéfices des sociétés se sont retournés à la hausse depuis maintenant plusieurs mois, les coefficients de capitalisation (CCR) atteignent à nouveau des niveaux historiquement faibles. En zone euro, le CCR moyen calculé sur les profits des douze derniers mois ressort à 13,8. Si l’on se fonde sur les anticipations des analystes pour les douze prochains mois, la valorisation chute même à 10,9. Du jamais vu depuis mars 2009 qui avait constitué un point bas. En France, le CCR estimé pour l’exercice 2010 ressort ainsi à 11,5 alors que les profits des entreprises sont attendus en hausse de 36 %. Certes, les turbulences politiques et financières en zone euro pourraient avoir un impact sur cette prévision (voir le marché interbancaire, page 12). Pour autant, les profits sont résolument orientés à la hausse et devraient au final afficher une croissance supérieure à 25 %. Or, sur cette base, le CCR 2010 du marché parisien ressort encore à 12,5, sous sa moyenne historique. Que dire encore des dividendes distribués ? Le rendement des actions européennes ressort à 3,3 % et il n’est pas loin des 4 % sur l’indice CAC 40. Rappelons que les obligations d’État françaises ne rapportent dans le même temps que 3 %...

Le marché américain est mieux valorisé, mais sans excès

Au titre du 1er trimestre, 80 % des entreprises composant le Standard & Poor’s 500 ont battu le consensus des analystes. L’écart moyen a atteint 14 %, soit le deuxième chiffre le plus élevé depuis la création du suivi en 1994. Pourtant, les titres des sociétés concernées ont perdu en moyenne 1 % le jour de l’annonce de leurs résultats. Il s’agit tout simplement de la pire performance des dix dernières années. Ce paradoxe a conduit le CCR du marché américain à reculer. Pour les bénéfices des douze derniers mois, il ressort à 15,3 tandis que pour les douze prochains mois, il s’élève à 13,1. Si la valorisation est bien plus généreuse qu’en Europe, elle reste là encore sous ses niveaux historiques. Les opérateurs les plus prudents mettent en avant que la base de comparaison sera moins favorable sur la seconde partie de l’année et que la baisse de l’euro face au dollar est négative. Ces éléments ont toutefois excessivement pesé alors que les profits des entreprises ont retrouvé une masse critique, inférieure de seulement 20 % à ce qu’elle était au 2ème trimestre 2007. En termes de rendement, l’attractivité des entreprises américaines est plus faible : il ne ressort qu’à 2 %.

Le marché américain n’est pas cher, loin de là. Son homologue européen est donc largement sous-valorisé. La décote dont souffrent les multinationales européennes n’est pas justifiée alors que leurs bénéfices croient aussi vite que ceux de leurs concurrentes américaines. Pour le reste, le marché japonais reste cher (CCR estimé de 17,3) tandis que les places émergentes semblent correctement valorisées (CCR estimé de 12, supérieur aux moyennes historiques).

mardi 16 février 2010

Stratégie 2010

(Achevé de rédiger le 12 janvier 2010)
L’année 2009 aura donc été celle de tous les excès : après un plongeon sur des plus bas historiques de douze ans dans un contexte avéré de capitulation (écroulement du système financier, fin du capitalisme, émeutes urbaines : voici quelques-uns des fantasmes que certains commentateurs nous ont servis alors), les marchés sont repartis de l’avant pour enregistrer un rebond inédit (+ 56,2 % en clôture pour le CAC 40 par rapport au point bas de mars). La catastrophe tant attendue – voire espérée par certains – n’a donc pas eu lieu. Les faits nous ont donné raison (voir PU n° 2355) et si l’économie mondiale reste encore convalescente, elle semble progressivement sortir des soins intensifs. Il est vrai que l’administration de plusieurs médications a permis aux agents économiques de reprendre progressivement confiance et aux investisseurs de revenir sur les marchés qu’ils avaient, en masse, désertés et « sur-vendus ». Après l’erreur historique qui a consisté à laisser Lehman Brothers sombrer, les gouvernements ont jugé qu’il convenait de faire montre d’un volontarisme certain. Ainsi et dans une belle unanimité, tous ont assuré et répété vouloir sauver le système financier, au bord de la rupture. Les garanties bancaires ont été étendues par les États afin de rassurer les épargnants, tandis que les banques les plus fragiles se voyaient prêter des milliards par les pouvoirs publics. Les taux interbancaires repartaient alors à la baisse, évitant ainsi le « credit crunch » (pénurie du crédit) tant redouté. Renouant avec les « grosses ficelles » du keynésianisme, la plupart des gouvernements de la planète lançaient de vastes plans de relance financés par l’endettement et destinés, principalement, à sauver certaines activités grandes pourvoyeuses d’emplois. Ainsi et pour les seuls pays occidentaux, pas moins de 2 000 Mds $ ont été mobilisés à cette fin. Une somme inédite à laquelle doivent être ajoutés les montants mis à disposition par les pays émergents, Chine en tête.  Dans le même temps, les banques centrales abaissaient leurs taux d’intérêt à des niveaux proches de zéro ou les maintenaient dans cette zone. L’injection de liquidités, la « vieille recette » monétariste cette fois, battait son plein. Des milliards de dollars ont ainsi été déversés à tous les niveaux de l’économie, ce qui a eu pour conséquence de soutenir l’activité, artificiellement il convient de le noter, en permettant de faciliter l’accès au crédit.

Ces éléments ont donc permis d’éviter le pire. Quant à savoir si la conjonction de ces stimuli a permis à la croissance mondiale de renouer avec un cercle vertueux, il y a un pas qu’il est encore bien difficile de franchir. L’économie de la planète est manifestement à la croisée des chemins. L’un après l’autre et à quelques rares exceptions, les pays occidentaux sont sortis de la récession. Mais les taux de croissance affichés pour l’heure demeurent encore très ténus. Ainsi, les états-Unis sont soumis à des signaux contradictoires. Si l’évolution du Produit intérieur brut (PIB) est redevenue positive (+ 2,2 % au 3ème trimestre pour la dernière estimation), le taux de chômage reste quant à lui ancré à 10 % et le pays continue de détruire des emplois (- 85 000 pour le mois de décembre). Dans l’immobilier, par qui la crise est arrivée via la titrisation de créances douteuses (« subprimes »), l’hétérogénéité des indicateurs reste plus que jamais de mise même si une amélioration tendancielle se dessine depuis quelques mois. Du mieux est donc à noter, c’est là un fait indéniable. En toute logique, la sortie de crise prendra encore un peu de temps mais la direction semble être la bonne, ce qui n’exclut pas, toutefois, quelques à-coups. Nous estimons ainsi que de manière graduelle, les indicateurs vont se retourner progressivement au cours de 2010. Si le début d’année pourrait encore se révéler difficile et conduire les marchés à hésiter quant à la direction à suivre, la seconde partie de 2010 devrait être le théâtre d’une reprise plus prononcée de la conjoncture mondiale. Attention toutefois aux comparaisons avec un passé récent : cette sortie de crise devrait être plus longue et plus difficile que celles que nous avons vécues dans les années 1980 et 1990. Le « petit jeu » habituel des stratégistes en manque d’idées risque de consister, comme à l’accoutumée, de se retourner pour tenter de mieux apprécier ce qui se profile. Avec, comme trop souvent, des résultats inexistants. Méfions-nous donc des effets d’annonces, des comparaisons hâtives sur les taux de croissance des résultats à venir et autres certitudes assénées car « ce qui se passera demain s’est déjà déroulé hier ». Nous resterons donc critiques en 2010 comme nous l’avons avons été l’an passé et nous méfierons, comme à l’accoutumée, des consensus.

Pour être en mesure d’identifier une sortie de crise solide, un certain nombre d’indicateurs devront s’améliorer de manière probante. En premier lieu, il conviendra de constater une progression significative de l’octroi de crédits aux entreprises. Car c’est là un paradoxe : jamais « l’argent » n’a été aussi bon marché et jamais les entreprises n’ont éprouvé autant de difficultés à financer leur croissance future. Les établissements bancaires rechignent encore trop souvent à assurer leur rôle majeur dans l’économie et préfèrent accorder des prêts aux ménages les plus solvables et utiliser les banques centrales comme des coffres forts (ils souscrivent en masse aux emprunts d’état pourtant bien peu rémunérateurs en attendant des jours meilleurs). Du coté des consommateurs, c’est évidemment vers le marché de l’emploi qu’il convient de se tourner. Celui-ci continue de se rétrécir, ce qui a plusieurs conséquences : une augmentation du taux d’épargne (l’argent mis de côté « sort » des tuyaux classiques de l’économie), une baisse de la consommation qui pèse sur la production (les dépenses des ménages comptent pour 80 % du PIB américain) tout en créant une langueur chez les acteurs économiques bien peu propice à la sortie de crise. Une amélioration du marché de l’emploi constituera donc un élément central dans le retour de l’économie mondiale à de meilleures dispositions. L’annonce de créations nettes de postes, aux états-Unis comme en Europe, devrait ainsi avoir un impact très important sur l’économie dans son ensemble. Nous pensons, compte tenu des chiffres publiés ces derniers mois, qu’une telle hypothèse est à portée de main et devrait donc se réaliser dans la première partie de l’année 2010. Mais surtout, la sortie de crise devra s’accompagner du retour progressif à une politique monétaire crédible. En ouvrant grandes les vannes du crédit et en serinant qu’il en sera de même pendant une période « prolongée  », les banques centrales, Réserve fédérale en tête, ont entaché leur réputation. Celles-ci ont préféré user des méthodes traditionnelles (injecter des liquidités) que l’on  pourra qualifier de « faciles » : l’objectif des établissements centraux semble être que tout redevienne comme avant... Ces derniers oublient un peu vite l’amoncellement des déséquilibres. Comme nous l’avons évoqué, toute sortie de crise devra s’accompagner d’un retour des taux d’intérêt à des niveaux historiquement plus acceptables. Or, la marge de manœuvre des banques centrales est très étroite et leur tâche, cette fois, difficile. Le retour de l’inflation – dont se satisferaient évidemment les états les plus endettés – constitue un risque à ne pas négliger. Dans le même temps, une remontée trop rapide et brutale des taux d’intérêt pourrait détruire la croissance dans son œuf et aurait pour conséquence un effondrement du marché obligataire (voir ainsi 1994). En fonction des améliorations que la conjoncture connaîtra à coup sûr, la Réserve fédérale et la Banque centrale européenne (BCE) devront relever leur taux d’intérêt pas à pas. Un maintien encore très « prolongé  » des taux aux niveaux actuels qui sont les leurs enverra des signaux lourds de conséquences qui porteront en eux les crises de demain. Il conviendra donc d’apprécier les glissements sémantiques auxquels se livreront probablement dans les prochains mois Ben Bernanke et Jean-Claude Trichet. L’abandon par la Fed du terme « prolongé » marquera ainsi la frontière entre un avant et un après. Le signal envoyé sera fort : « la crise est désormais derrière nous ». Gageons que cette éventualité est pour bientôt. 

Les marché d’actions en 2010 ? Volatils et hésitants...

L’exercice boursier 2008 aura été celui de la chute, historique. Le cru 2009, celui de la reprise, technique. À quoi ressemblera 2010 ? L’incertitude économique au niveau des États comme des entreprises n’étant pas beaucoup moins grande qu’au cours des deux dernières années, les douze mois à venir n’ont a priori pas de raison d’être moins mouvementés sur les marchés d’actions. Après le fantastique rebond que nous venons de connaître, les investisseurs ne veulent toutefois pas entendre parler de retour en arrière. Les prévisions des établissements sont à cet égard révélatrices puisque ces derniers tablent tous, sauf un, sur une hausse du CAC 40. Pour autant, croire que les indices vont s’installer dans une sorte de routine « haussière » comme aux plus belles heures des années 1980 ou 1990 est illusoire. Du moins en 2010. Comme le souligne presque ironiquement Michel Cicurel, président du directoire de la Compagnie Financière Edmond de Rotschild, « les principaux facteurs qui ont déclenché la crise se sont aggravés depuis ». Le secteur bancaire s’est encore concentré, la dette des États s’est envolée et les liquidités mises sur le marché n’ont jamais été aussi abondantes. Pour autant, et comme nous le soulignions déjà l’année dernière, il convient de ne jamais sous-estimer la capacité de rebond du système capitaliste et de la Bourse.
Pour comprendre où nous allons, il faut un instant regarder en arrière et se rappeler pourquoi nous sommes revenus fortement à l’achat au plus fort de la crise. Voici un an, les investisseurs avaient intégré le scénario d’un effondrement du système et les banques centrales s’apprêtaient à ouvrir les vannes des liquidités. Un effet de ciseau incroyablement favorable a ainsi pris forme : la capacité d’achat des investisseurs s’est accru alors que les actifs étaient bradés. Qu’en est-il aujourd’hui ? Les valorisations ont rebondi mais les liquidités sont toujours abondantes. Pendant combien de temps ? C’est une question-clé pour les marchés d’actions. Pour l’instant, les opérateurs ne croient pas à une remontée des taux en 2010. N’est-ce pas là une hypothèse incohérente avec le scénario d’une reprise économique et d’une hausse des actions ? Si les banques centrales tardent à relever les taux d’intérêt, qui sont à des niveaux incroyablement bas, c’est le signe que l’économie ne fonctionne pas normalement... Peut-on dès lors parier sur une progression des bénéfices des entreprises au-delà du phénomène de rattrapage actuel ? Le doute est permis. De fait, une remontée progressive, et dès 2010, des taux directeurs américains et européens seraient, selon nous, le meilleur scénario. Quitte à freiner la hausse des indices dans un premier temps mais à s’assurer de meilleures années par la suite. Les pressions politiques étant néanmoins fortes (« ne freinez pas la reprise et l’emploi ! » hurlent déjà les gouvernements), rien ne dit que les banques centrales raisonneront ainsi. Sur ce front, il convient donc de rester attentif pour deviner de quel côté la balance penchera. Seule certitude : le marché valide actuellement un scénario qui lui est très favorable à court terme. Un risque de déception, brutale, existe donc bel et bien dès le 1er trimestre. 

Quelle alternative aux actions ?

Quoi qu’il en soit, alors que les liquidités restent abondantes, les actions sont-elles encore attractives ? Un argument plaide encore et toujours en leur faveur : l’absence d’alternative. Regardez autour de vous. Combien d’amis ou de connaissances, cherchent à placer leurs économies mais ne trouvent pas de placement attractif. L’immobilier  ? Trop haut. Après 150 % de hausse des prix en dix ans et des loyers qui offrent des rendements inférieurs à 5 % (pour un bien non liquide, rappelons-le), ce n’est pas une correction de 5 % à 10 % qui va relancer la hausse. Les obligations ? La réponse a déjà été donnée plus haut : un krach obligataire n'est pas impossible. Il faudrait être fou pour s’engager sur plusieurs années à des taux historiquement faibles. Les livrets et autres super-livrets ? Après impôts, le rendement est proche de zéro. Pour l’instant du moins. Bref, sauf à vouloir dormir sur un matelas de billets, l’investisseur moyen a tout intérêt à se tourner vers les actions qui offrent à la fois une perspective de rendement et de plus-values. Pour autant, alors que 2009 a vu quasiment l’ensemble des valeurs participer à la fête, trier le bon grain de l’ivraie sera primordial en 2010. Et pour cause : les valorisations affichent d’importants écarts selon les capitalisations et les secteurs.

Les valorisations ? Très hétérogènes...

Les marchés parisien et européen se payent environ 13,5 fois les bénéfices estimés pour 2010. Nous ne sommes donc plus inscrits dans un excès de sous-valorisation semblable à celui d’il y a un an même s’il existe encore une décote par rapport à la moyenne historique. En outre, les investisseurs espèrent voir les profits des entreprises progresser de 30 % après un recul de 26 % en 2009, ce qui est optimiste. Les sociétés peuvent encore compter sur l’impact des réductions de coûts au 1er semestre mais au-delà, la hausse des chiffres d’affaires devra prendre le relais. Les CCR (coefficient de capitalisation des résultats ou PER en anglais) sont par ailleurs très fluctants d’un secteur à l’autre avec des pics de valorisation notamment pour les valeurs du luxe ou de la technologie. Certains titres affichent ainsi des ratios équivalents à ceux de la grande époque (2003/2007). En termes de perspectives, d’importants écarts se font également jour : certains groupes ont démontré leur capacité à afficher une croissance en temps de crise, d’autres ne retrouveront jamais une progression de leurs ventes sans un soutien étatique et monétaire. Ces éléments nous poussent à croire que le marché évoluera au cours de cette année charnière en dents de scie. Ce qui ne constitue pas une mauvaise nouvelle – la volatilité sera mise à profit – pour peu que la mobilité soit le maître-mot dans vos investissements.


Ni hausse, ni baisse, serions-nous tentés de dire à l’orée de 2010, mais de nombreuses hésitations qui se traduiront par de la volatilité et la multiplication de micro-tendances. Le choix ciblé de titres (« stock-picking » en anglais) sera la clef alors que des poches de sur-valorisation mais aussi de sous-valorisation existent. Après nos récentes ventes/allégements, le montant de vos « liquidités » doit en outre avoir considérablement augmenté. La confiance des investisseurs en ce début d’année – nombre d’entre eux attendent un 1er semestre 2010 plus doux que le 2nd – doit constituer une alerte et non un soulagement. Une correction ne devrait pas tarder à prendre forme et nous fournir une opportunité pour réaliser de nouveaux allers-retours. Le retour des introductions en Bourse va par ailleurs permettre d’accéder à quelques dossiers très attractifs. « Enfin », dirons-nous après deux ans de diète sur ce front.